lundi 13 septembre 2010

bob dylan + billie holiday = karen dalton


"my favorite singer in the place was karen dalton... ... karen had a voice like billie holiday and played guitar like jimmy reed... i sang with her a couple of times." (bob dylan)

bob dylan/strange, mysterious, almost mystical variations on lay, lady, lay

the good ones/invura yaranka geyi (out on "dead oceans", november 9, 2010)


le disque s'appelle kigali y'izahabu, c'est une merveille de blues ethnique réellement lo fi, produite par ian brennan, à paraître début novembre ...

revu la fin de deux hommes dans manhattan à la télé

... c'est d'une étrangeté sidérante, de l'anti-melville à peine contrôlé, une mixture de polar amateur, pré-rohmer, post-huston, avec des ombres ahuries et des cernes noircies échappées de nosferatu qui passent sur le visage de l'acteur melville ...

... à y réfléchir un peu (disons deux ou trois jours, aucun cinéaste ne mérite plus), il faudrait dire que melville est le premier des grands maniéristes (avec michael powell, évidemment)..... que ce soit à travers l'amateurisme pré-nouvelle vague de deux hommes dans manhattan ou dans le professionalisme glaçant du cercle rouge, tout est sujet à faire des citations, du pastiche (comme chez godard), et surtout des manières ... .... c'est celà, et rien d'autre qui rend melville si sinistrement contemporain .... .... il faudrait en dire plus sur le maniérisme, qui a contaminé l'ensemble du cinéma depuis une vingtaine d'années, et qui se glissait déjà, mine de rien chez les grands classiques (hawks/rio bravo, hitchcock/marnie, ford/la prisonnière du désert, il y a un demi-siècle), mais ça me fatigue d'avance ... .... ... .... ceci dit, j'aime toujours beaucoup certains films de melville, et avant tout son tout dernier, un flic, le plus mortellement pastel, le plus mortel aussi.

dimanche 12 septembre 2010

BEAR FAMILY ET MOI

Dire l’essentiel prend du temps. C’est bête mais c’est comme ça. Il est là devant moi, l’essentiel, sous la forme d’un coffret très gros, très lourd, trop peu maniable pour être aisément consulté. C’est un objet exceptionnel, impressionnant, dont on ne sait pas vraiment quoi faire, mais qui fait infiniment plaisir. Il célèbre les trente-cinq ans d’un label pas comme les autres, Bear Family, et son catalogue extraordinairement bigarré, entièrement dédié à la réédition maniaque des plus belles musiques du monde. C’est un label sans lequel on ne saurait pas grand chose de la généalogie généreuse de la musique country, du rockabilly, des grands crooners américains (et des tas d’autres choses encore). Il y a aussi trois CD, drôles, généreux, contemporains, jouant autour du mot Bear.

Rappeler ce compliment en forme de point d’interrogation, qui les résume tous : « Pourquoi vos disques n’ont-ils pas l’allure de ceux de Bear Family ? » (Johnny Cash à Jeff Jones, président de Sony/Legacy). Tous ceux qui, en Amérique, ont une œuvre devant eux rêvent d’être réédités par Bear Family, comme l’ont été (dans le désordre) la Carter Family, Dean Martin, Gorge Jones, les Everly Brothers, Louis Jordan, Charlie Rich, Nat King Cole, Bob Wills, Johnny Burnette, Gene Vincent, Eddie Cochran, Tex Ritter, etc, le plus souvent sous forme de coffrets généreux, d’intégrales absolues, dont les illustrations et les textes érudits font rêver longtemps. A la différence d’autres belles intégrales, on a du mal à se passer de celles-ci, on y revient longuement, on y revient toujours. D’où les éloges de Nick Tosches, Peter Guralnick, Colin Escott : les plus grands érudits musicaux n’ont cessé de dire tout le bien qu’ils pensaient de Bear Family.

Je suis fier, je le dis sans fausse modestie, d’être le seul journaliste français auquel Richard Weize, le patron de ce petit label allemand qui fait rêver l’Amérique, ait demandé de collaborer. La question était simple: choisir les disques de Bear Family qu’on emporterait avec soi si la maison était en feu. Question simple, réponse difficile. Weize m’avait déjà demandé de répondre pour le coffret du trentième anniversaire. J’en avais bavé. Cette fois, ce fût pire.

Certains s’en sont tirés en ne citant qu’un seul coffret. Ceux qui reviennent le plus ? Les Louvin Brothers, la Carter Family, l’intégrale Sun, Jimmie Rodgers. J’ai préféré jouer le jeu en choisissant une douzaine de coffrets dont j’aurais un mal fou à me séparer, en commençant par le plus inattendu, le plus étrange : Beyond Recall (Vorbei…), l’intégrale de tous les disques de musique juive produits et sortis dans le Berlin nazi, essentiellement des musiques religieuses et des chansons yiddish. Des heures et des heures d’éblouissement pour des années et des années. Parmi les autres, Darby & Tarlton, ancêtres lointains des Everly Brothers et des Beatles, Floyd Tillman, le maître oublié de Willie Nelson, les Blue Sky Boys et les Louvin Brothers, les plus belles harmonies de tous les temps, Lefty Frizzell, le grand rival oublié de Hank Williams …

Ce coffret existe. Il s’appelle 35 !!!Years. Il coûte une vingtaine d’euros. Une misère pour un tel trésor. (à paraître dans ROLLING STONE)


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."