samedi 7 mai 2011

molly picon 1936


molly picon (מאָלי פּיקאָן; february 28, 1898 – april 6, 1992) was the most famous yiddish speaking actress ... on a very old photograph, taken before i was born, my mother looks somewhat like her ... on an even older photograph my father looks like gary cooper in a fritz lang thriller ... what a couple that would be: molly picon and gary cooper, speaking and kissing in yiddish ...

i'm always chasing rainbows


mandy patinkin/harry nillson (& gordon jenkins)...these two beautiful men have more judy garland in themselves than judy ever had ...

april in taïwan


sugar baby/old time minstrel lovely slow version

dimanche 1 mai 2011

Isaac Bashevis Singer/Bob Dylan, une histoire d’amour

Quel rapport entre Isaac Bashevis Singer et Bob Dylan? Le premier a eu le prix Nobel, le second a failli l’avoir, c’est ça ? Ah non, pas du tout. C’est plus simple et plus tordu à la fois. Disons qu’ils occupent ma tête à plein temps, et en même temps. Il n’y a de place pour rien d’autre. Je lis et relis les nouvelles de Singer, surtout celles qui se passent au lendemain de la guerre dans les cafeterias des quartiers juifs de New York, où on ne parle que le yiddish, un invraisemblable yiddish mélangé de polonais et d’américain; en même temps, je ne cesse d’écouter et de réécouter les fabuleux concerts piratés de Dylan, surtout ceux de l’année 2000, merveilles inaccessibles dont la seule clé d’entrée sur youtube s’appelle aujourd’hui hollis1960 (dépechez vous d’aller y voir avant que le web sheriff de Sony/youtube en interdise l’accès, ce qui ne saurait tarder …). Pour le moment, il m’est impossible de penser à Dylan sans penser à Singer, ou de lire Singer sans entendre l’impossible voix nasale de Dylan.
Savoir que Dylan est né juif dans un patelin perdu des montagnes du Minnesota ne me sert pas à grand chose. Outre qu’il n’a pas eu d’éducation religieuse, il s’est publiquement converti au christianisme, et a même été chanter pour le pape, ce qui ferait ricaner Isaac Singer, qui se moque souvent dans ses textes des juifs polonais convertis, mais ni l’époque, ni le pays (la Pologne sous les nazis) n’ont grand chose à voir avec l’Amérique d’aujourd’hui. Je pourrais ne pas finir mon histoire et me contenter de penser qu’ils m’occupent la tête en même temps, un point c’est tout. Mais ce n’est pas suffisant pour l’obsessionnel que je suis. Il doit bien y avoir autre chose. En lisant encore, en écoutant davantage, je crois que j’ai trouvé : dans la musique des mots d’Isaac Bashevis Singer, dans celle du converti Dylan, quelque chose d’identique passe quand même. Pour Singer, c’est évident, c’est la mixture du yiddish et de l’anglais qui a une magie simple et pittoresque à la fois, un truc que n’importe qui peut comprendre. A écouter le Dylan de 2000, surtout celui du concert du 25 septembre à Portsmouth, on est bien obligé de constater que ce sont des larmes juives qui sortent de sa bouche. Des hoquets, des gémissements, des frémissements. Allez directement écouter sa version de Frankie Lee and Judas Priest de Portsmouth, on dirait qu’un diable, un lutin (un dibbuk, dans la langue de Singer) a pris possession de son corps.
frankie lee and judas priest (portsmouth, 25 septembre 2000)
PS. Si ces histoires juives un peu tarabiscotées vous passent par dessus la tête, et si vous préférez les histoires de crooners, de vrais crooners, procurez vous au plus vite New in Town/Glad to be There (GAMBIT/distribution Socadisc), qui réunit en un seul cd les deux somptueux albums qu’Ed Townsend a enregistré en 1960 avec l’un des meilleurs arrangeurs de Sinatra, Nelson Riddle. Tout y est, cordes, volupté, économie, standards susurrés …. Sans oublier l’essentiel: une voix à faire chavirer les filles, ou les garçons qui n’ont pas perdu leur cœur de fille. Un détail, qui compte : Ed Townsend était noir.

zelig & czarna

ten years before he died, here's what isaac singer had to say: "at its best, art can be nothing more than a means of forgetting the human disaster for a while ...
i am still working hard to make this "while" worthwile" ( july 6, 1981)
isaac bashevis singer venait de la même voïvodie, la même province de pologne que celle de mes parents, nés à peu près en même temps que lui (mais morts beaucoup plus tôt) ... le plus important, c'est qu'ils parlaient le même yiddish, ils le parlaient avec le même accent ... je me dis que zelig et czarna devaient avoir les mêmes souvenirs que lui ... mêmes souvenirs, mêmes histoires, mêmes odeurs, même yiddish ... je me souviens que la machine à coudre de mon père, à paris, était une singer ... ce petit bonhomme là parle pour eux, qui ont si peu parlé ...
(je me lasse pas de voir et de revoir ce petit film, d'écouter l'accent rusé, criard, fatigué, d'isaac singer, et je ris à chaque fois tout haut de ses réponses aux journalistes, des réponses qui rendraient les plus savoureux dialogues de woody allen d'une lourdeur de béton armé)

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."