samedi 16 octobre 2010


johnny cash/bob dylan/i walk the line (perfect everly brothers style harmony)/johnny cash & june carter cash/it ain't me babe (dylan must have loved this sweet version, everly harmony style)

georgia tom (thomas a. dorsey)/levee bound blues/henry sims/farewell blues

by the same man who composed precious lord, a legend, a forgotten genius of hokum blues and gospel (films d'occasion productions)

by charley patton's violonist, a great forgotten swinging early blues

jeudi 14 octobre 2010

arthur penn/mickey one



le second extrait, un peu flou, est avec hurd hatfield

SUR MICKEY ONE

Arthur Penn n'aura réalisé qu'un seul bon film, et un très bon, un de ceux que l’ami Daney qualifiait de grand film malade, et qui valent des centaines de films trop bien portants, conformes à l’avance à l’idée qu’on se fait d’eux. Il s’appelle Mickey One, et il est inoubliable. Excessif, stylisé, raté, fellinien, lyrique, irrégulier, Mickey One ne se laisse pas oublier. Des années plus tard, il cogne encore à la porte de la mémoire. Par sa sublime bande-son d’abord : Eddie Sauter/Stan Getz à la musique, excusez du peu, c’est le classique et le baroque qui se conjuguent en un seul jet, un seul; on n’en revient pas. Ghislain Cloquet à la photo, autrement dit le noir et blanc immaculé d’un temps où les gris aussi, toute la gamme des gris, existaient. Un scénario qui fait intimement corps avec ses acteurs (ou l’inverse, on ne sait plus). Et tant de choses encore, indicibles. Mickey One est un appel pressant à la paranoïa, ou plutôt un appel de la paranoïa, brûlant, fiévreux, qui squatte le temps d'un film le corps d'un acteur de stand up en train de devenir fou (Warren Beatty dans son meilleur rôle). Qu’est ce qui l’agite, Mickey? Est-il vraiment poursuivi (à certains moments, on en doute) par la maffia (en la personne du mystérieux Hurt Hatfield -1918-1998-, le génial acteur du Portrait de Dorian Gray d'Albert Lewin, et surtout du Journal d'une femme de chambre, l’un des chefs d’œuvre américains de Jean Renoir).

Rarement symptômes, disons ceux de Lenny Bruce ou de Phil Spector pour aller vite, auront été aussi bien incarnés. La violence rentrée, la haine de soi, la peur de soi … tout est dans Mickey One. Est-ce vrai ? Je n’en sais rien, mais tout être humain un tant soit peu honnête (qui n’a pas trop peur de lui-même) s’y reconnaîtra.

PS. Arthur Penn a fait treize films. Oubliez les douze autres. Oubliez le Gaucher (1958), son premier long métrage torturé de tics Actor’s Studio, avec un Paul Newman médiocre et épileptique. Oubliez Miracle en Alabama (1962), mélo hyperréaliste tout aussi bourré de tics expressionistes. Oubliez la Poursuite impitoyable (1966). Oubliez le trop célèbre Bonnie and Clyde (1967), trop long clip plein de poses et de langueur. Oubliez Alice’s Restaurant (1969), avec le pitoyable Arlo Guthrie, qui si mal vieilli, Little Big Man (1970), avec le médiocre Dustin Hoffman, ou Night Moves (1975), ou Missouri Breaks (1976), ou Georgia (1981), ou encore Target (1985). Oubliez tous ces films trop théâtraux, trop travaillés, trop préparés, pour ne retenir d’Arthur Penn que cet étrange Mickey One, OVNI américain à l’allure d’expérimentation Nouvelle Vague, dont la version finale semble avoir été littéralement massacrée à sa sortie, en1965.

PS 2. Ecoutez les deux inédits d’un maître oublié du rockabilly, Billy Lee Riley, qui vient de mourir, parus chez Bear Family. C’était l’une des idoles de Dylan, qui avait repris son très actuel Reposession Blues, et qui l’avait encouragé à remonter sur scène. Ecoutez aussi le dernier Robert Wyatt, For The Ghosts Within. Sa version de What a wonderful world est une merveille absolue.

(A paraître dans Rolling Stone)

best dylan this year?/don't think twice, it's alright/(stuck inside of mobile with the) memphis blues again (orlando, 10 octobre 2010)



" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."