vendredi 25 décembre 2009

deux chefs d'oeuvre absolus composés et joués en 1995 par le vieux lion du saxophone alto, benny carter, le premier avec peggy lee (qui en a écrit les paroles), le second avec shirley horn (paroles de johnny mercer)

benny carter/peggy lee/i see you

benny carter/shirley horn/a kiss from you

jeudi 24 décembre 2009

bob dylan and david bromberg (guitar, dobro) try a great alternate country version of "if not for you"

bob dylan,david bromberg if not for you (1970)

bob dylan, george harrison(répétion du concert pour le bangla desh, 1970)/if not for you
bob dylan/if not for you (2002)
essai d'ouverture (première partie), luc moullet (1988): du génie comique à l'état pur et simple
frank sinatra en direct, il y a presque cinquante ans: grâce, élégance, perfection

frank sinatra/the second time around (sydney, 2/12/1961)

lundi 21 décembre 2009

new found lovely version of if not for you, tirée d'un fabuleux concert, à newcastle, en 1998 ... qui prouve que la grande période live de dylan ne se résume pas à l'année 2000, mais s'étend bien de 1998... à 2001

BONUS, newcastle 1998

bob dylan/a hard rain's gonna fall (newcastle, 1998)

bob dylan/love minus zero (no limit)/silvio (newcastle, 1998)

bob dylan/gotta serve somebody/rainy day women (newcastle, 1998)
à quelques mètres de quelques centaines de japonais amoureux, frank sinatra s'envole vers le ciel ...

frank sinatra/all the way (tokyo, 1962)
deux sublimes versions en direct de "things have changed" (2001), la première quand dylan remporte l'oscar de la meilleure chanson (avec mimiques à la chaplin, grimaces à la bogart), la seconde à l'AFI en hommage à michael douglas (sombrero électrique, minimalisme de studio)

bob dylan/things have changed
deux versions limpides de "moonlight in vermont": avant que la famille sinatra ne les enlève de youtube, profitez de cette perfection sans âge ...

frank sinatra, nelson riddle/moonlight in vermont (1958)

frank sinatra/moonlight in vermont (mikado, japon, 1962)
dylan in nashwille skyline style, new looks, new voice, and sort of strange stereophonic warholian multiples

bob dylan/living the blues (1969)
when crooner number one (bingcrosby) meets crooner number two (frank sinatra) in 1957, they choose a kurt weil song

bing crosby, frank sinatra/september song
retour de cette version magique (minneapolis, 1995) d'une des chansons les plus étranges, my back pages, tirée d'un disque définitivement insituable, another side of bob dylan

BONUS VERSION OF MY BACK PAGES/new haven (novembre, 1999)

peut-être la seule trace filmée de la grande irene kral, morte trop jeune: qui chante aussi juste aujourd'hui?

irene kral/forgetful (1963)
trente ans de distance séparent ces deux versions superbes de restless farewell, le jeune dylan en donne d'abord, pour la télé canadienne, une version immaculée: il a 23 ans, il ne sait pas ce qu'il fait .... cette chanson tirée d'un vieil air irlandais, the parting glass, figurera dans son troisième album, the times they are a-changin, enregistré quelques mois plus tard, dans une version beaucoup moins émouvante .... il rechante ensuite cette chanson pour les 80 ans de sinatra ... faire silence ... écouter

bob dylan/restless farewell (1/02/1964)

bob dylan/restless farewell (19/11/1995)
le disciple de woody guthrie, james talley, chante "the song of chief joseph", une saga lyrique digne du meilleur dylan

james talley, migrant jesse sawyer/song for shiloh
the alternate sinatra (1)

frank sinatra/misty (alternate take from "sinatra and strings", 21/12/1961)

frank sinatra/once i loved you (alternate from "jobim sessions", 1967
bob dylan/saint augustin: essai en berbéritude savante

bob dylan/i dreamed i saw saint augustine (merano, 7 juillet 1992)

lundi 7 décembre 2009

osaka, 12 février 1994

bob dylan/ring them bells (new morning)

bob dylan/ring them bells (dublin, 13 septembre 2000)
souvenir de belfort 2009

les cinéphiles (le retour de jean)/skorecki,cressole,abdi (1988)

mardi 1 décembre 2009

two lovely versions of a sentimental countryish tune (from nashville skyline), the 2005 version has all the words


bob dylan/tell me that it isn't true (2000/2005)

samedi 28 novembre 2009


frank sinatra & gordon jenkins/the christmas song (1957)




Comment entrer dans le Noël de Bob Dylan ?

C’est un disque crypté, décalé, touffu, contradictoire, sans queue ni tête. Il faut avoir la clé pour y entrer, en tout cas une des clés. La mienne, qui vaut ce qu’elle vaut, est de commencer par la fin. Désorganiser cette trop sage soirée de Noël pour y retrouver la touche de poésie et de tristesse, de mélancolie poisseuse, tenace, qui sont la marque juive de bob dylan. C’est seulement au quatorzième titre de Christmas In The Heart, par ce délicieux Christmas Song signé Mel Tormé (qui introduit au passage Jack Frost, l’elfe de Noël qui est aussi le pseudo de Dylan producteur), que le disque s’est ouvert. Il s’est illuminé, et maintenant presque toutes les chansons m’enchantent et me plongent dans une sorte de retour à l’enfance, une enfance béate et imbécile que je n’avais pas retrouvée depuis longtemps.
Comment en suis-je arrivé là ? Les extraits du disque sur Youtube, sautillants, catastrophiques, plus kitsch qu’une pub Mon chéri, me mettaient dans l’embarras, même si une phrase de I’ll be Home for Christmas ou Have Yourself a Merry Christmas pouvaient à l’occasion avoir la tristesse posée d’un standard. Après écoute répétée, ce disque s’est révélé une merveille d’insolence américaine, bien plus consistante que le médiocre Together Through Life qui n’est au fond qu’un retour tardif et énervé au bayou de Daniel Lanois. Ce que Dylan a cherché à retrouver ici, ce sont ses racines domestiques américaines, celles qui illuminent certains épisodes enneigés d’Ally McBeal ou d’autres séries télé dégoulinantes d’émotion, à coup de flocons de neige et de baisers mouillés. C’est aussi l’art raffiné d’un Frank Sinatra qu’il piste depuis tant d’années qui se retrouve ici. Pas un hasard si le chef d’œuvre Capitol que Sinatra a enregistré avec le grand Gordon Jenkins, A Jolly Christmas From Frank Sinatra, se retrouve pour moitié (six chansons sur douze) repris ici avec une tendresse attentive et un sens ramassé du mélo musical. La voix croassante et usée du vieux Bob n’a pas la fluidité magique de celle de Sinatra mais elle est d’une musicalité étonnante, lyrique, qui rappelle les ballades et les standards que Dylan aime tant chanter (Self Portrait, Bob Dylan, et tant d’autres reprises impromptues de Dean Martin ou Charles Aznavour).
C’est en passant par cette case sentimentale, en empruntant ce chemin délicat des airs éternels d’une Amérique qui n’aime rien tant que se tenir chaud et découper sa dinde en famille, que même les titres trop rapides, ces airs speedés, enjoués, retrouvent au détour d’une énième écoute d’étranges airs de Walt Disney syncopés en yiddisch. Ecoutez Must Be Santa dont Dylan a fait un clip sautillant, chorégraphié grossièrement à coup d’approximations îvres et de déguisements, et dites-moi si ce n’est pas un étrange tube klezmer new age qui vous déboule soudain dans les oreilles, sans s’être annoncé. Dylan a toujours été un provincial décalé, un juif embarassé de lui-même, un chrétien-collage, une aberration. A près de 70 ans, il a enfin réussi à recoller les morceaux. Pleurer à Sinatra n’est pas la chose la plus bête qui soit. A Dylan non plus.
(A paraître dans ROLLING STONE)


scott walker déconstruit sinatra (someone who cared, 1973), tout en annonçant le sfumato mélancolique de richard hawley

mercredi 25 novembre 2009

richard hawley: le retour en une (pour gilles tordjman)

je viens enfin de recevoir trueloves' gutter, l'album de richard hawley dont est extraite cette très belle chanson triste, for your lover give some time ... .... c'est superbe, même si tout n'est fait ici que pour servir d'écrin à cette chanson d'amour idéale

dimanche 15 novembre 2009

le secret de dylan, ce modernisme primitif, archaïque, qui n'appartient qu'à lui, tient en trois disques: another side of bob dylan (1964), good as i been to you (1992), "love and theft" (2001)
aucun bon disque dans les années 70/80 à part blood on the tracks, dylan a perdu son chemin .... il le retrouve l'été 1992, avec un disque étrange, minimal, lo fi, enregistré dans son garage, good as i been to you: rien que des reprises accoustiques de vieux blues ou de vieilles rengaines vaguement country ... quelques semaines plus tôt dylan enregistrait avec son vieux copain david bromberg des sessions inédites qui émergent peu à peu et qui devaient faire partie de ce disque .... trop bizarre, il les met de côté .... rappelez-vous, dylan vient d'avoir 50 ans, il invente en douce, dans son coin, un merveilleux folk celtique et arabisant inédit
seems like dylan is inventing a kind of new music here, between early jazz and some strange sydbarretian folk rock, it's a speedy blind willie mc tell to me, a masterpiece in modern archaic music

bob dylan/polly vaughan (david bromberg sessions, 1992)
une autre superbe chanson des mêmes sessions, écrite par david bromberg

bob dylan/catskills serenade (david bromberg sessions, 1992)

samedi 14 novembre 2009

20h/ciné 104, pantin: l'escalier de la haine (1982), le retour des cinéphiles (2008)/j'y serai

dimanche 1 novembre 2009

howlin' wolf reproche à son house de préférer le whisky au blues....

.... puis il chante "down in the bottom" ...

... puis skip james chante devil got my woman, pendant que howlin' wolf s'abime dans l'écoute dépressive de skip james

samedi 17 octobre 2009

bob neuwirth 2009: entre willie nelson, neil young .... ....   et bob dylan

bob neuwirth & the forest rangers/the place i can't afford to go (2009)
un canari, deux canaris

jamais tu ne nous quitteras, petit canari

mildred bailey & ellis larkins/can't we be friends? (1947, new york)
you started something (1947, new york)

mercredi 14 octobre 2009

des nouvelles de giant sand: toujours le désert, les stones, le velvet ...

howe gelbe/napoli (2005)

howe gelb/wild frontier (2007)/increment of love (2008)

jeudi 1 octobre 2009


i don't want to miss mississipi (1946, ellis larkins, piano) ... la chanson de mildred bailey que je préfère

et ... don't take your love from me (1940), la chanson de mildred bailey qu'elle préférait

bob dylan/positively van gogh (version complète) bob dylan/positively van gogh (1966/denver tapes, version complète) When I'd ask why the painting was deadly Nobody could pick up my sign 'Cept for the cook, she was always friendly But she'd only ask, "What's on your mind?" She'd say that especially when it was raining I'd say "Oh, I don't know" But then she'd press and I'd say, "You see that painting? Do you think it's been done by Van Gogh?" The cook she said call her Maria She'd always point for the same boy to come forth Saying, "He trades cattle, it's his own idea And he also makes trips to the north. Have you ever seen his naked calf bleed?" I'd say, "Oh no, why does it show?" And she'd whisper in my ear that he's a half breed And I'd say, "Fine, but can he paint like Van Gogh?" I can't remember his name he never gave it But I always figured he could go home Til when he'd gave me his card and said, "Save it" I could see by his eyes he was alone. (? I could understand ?) how his four leaf clover Drawn on his calling card showed That it was given back to him a-many times over And it most definitely was not done by Van Gogh. (It was either she or maid?) just to please me Though I sensed she could not understand And she made a thing out of it by saying, "Go easy He's a straight, but he's a very crooked-straight man." And I'd say, "Does the girl in the calendar doubt it? And by the way is it Marilyn Monroe?" But she'd just [speak?] softly and say, "Why you wanna know about it?" And I'd say, "I was just wondering if she ever sat for Van Gogh?" It was either her or the straight man who introduced me To Jeanette, Camilla's friend Who later on falsely accused me of stealing her locket and pen When I said "I don't have the locket" She said "You steal pictures of everybody's mother I know" And I said "There's no locket No picture of any mother I would pocket Unless it's been done by Van Gogh."
le dernier spectateur
1. dire d'abord que j'ai eu tort de regretter trop longtemps ces salles de cinéma hautes en couleur de mon enfance, où les spectateurs se disputaient, souvent bruyamment, à longueur de séances... ... .... je croyais que ce qui avait disparu du cinéma, c'était ce côté hétéroclite, mélangé socialement, du public.... ..... j'avais évidemment tort, le cinéma -art populaire, art d'usine- n'a jamais été fréquenté que par les pauvres gens, il était méprisé par les intellectuels et les bourgeois.... ... ... ... c'est ce cinéma que j'aimais, c'est ce cinéma que j'aime encore.
2. dire ensuite (c'est important) qu'après une courte période intermédiaire où le populo et l'intello se sont mélangés dans les salles, le cinéma a fini par ne plus être fréquenté que par ceux qui ont les moyens de se l'offrir, les bourgeois, les petit-bourgeois surtout, ceux qui savent parler des films ... parler et parler encore, sur le trottoir ou la feuille blanche, mais qui ne savent plus se prendre pour les personnages (toi morgan, moi gabin, moi tarzan, toi jane), qui ne savent plus s'identifier aux héros, qui ne savent plus "vivre les films"...

blossom dearie/old tyme movie love affair (films d'occasion prod)
3. dire aussi qu'une fois le spectateur populaire disparu, il ne restait plus au cinéma en tant qu'art d'usine à s'effacer... s'effacer sur la pointe des pieds... celà fait trente ans ou quarante qu'il s'y efforce ...
4. insister sur une chose qu'on a trop tendance à oublier: les spectateurs font les films, ils les défont aussi ... à force de s'être absentés des salles, ils ont conduit le cinéma en tant qu'art d'usine ... à s'absenter de lui-même
5. ... ... .... c'est l'une des raisons pour lesquelles, sans doute, mon désir de faire des films a presque totalement disparu ... pour qui filmer? ... pour qui?
PS. mon ami patrice kirchhofer, cinéaste expérimental qui bricole depuis toujours dans sa cuisine des films pour personne, n 'a pas ce problème ... l'abrutissement du spectateur, son absence, ou même sa mort avérée, ne l'affectent pas ... celà ne modifie en rien son désir de filmer... je l'envie énormément ...
le nouveau dylan, 15 chansons de noël ... très kitsch
span class="Apple-style-span" style=" font-weight: bold; font-family:Arial;font-size:19px;">bob neuwirth/i don't think of her at all: plus de treize ans avant dylan, son faux frère le précède dans l'accordéon valse/blues ....
deux ou trois choses que je sais sur bert williams ...
... né aux antilles en 1874, arrivé à new york à l'âge dix ans (il y meurt en 1922), le grand black minstrel NOIR bert williams a été une très grande vedette du vaudeville (sous le chapiteau, à broadway, mais aussi au cinéma)... ... .... w c fields, qui l'adorait, disait de lui qu'il était "l'homme le plus drôle qu'il ait jamais vu de sa vie ... ... mais aussi le plus triste." ... écouter "nobody", c'est constater que son style est étrangement plus proche des premiers crooners blancs, qui l'ont suivi (comme bing crosby) que du style nègre si bien imité par emmett miller, le grand black minstrel BLANC ....

bert williams/orginal version of "nobody" (1913)

bing crosby singing bert williams' early hit, "nobody", in an early thirties philco radio time program ... song starts only at 3.21, after the minstrel jokes (told with al jolson)
PS. j'ai mis longtemps à me faire à la drôle de voix trafiquée d'emmett miller, à son yodel hurleur pré-howling wolf, à sa voix sous influence georgienne d'extraterrestre déguisé en nègre,

emmett miller/i ain't got nobody (films d'occasion productions)
.. ... à ce son étrange, à ces jazzmen déplacés (emmett miller devait sonner bien plus "country" en vérité)....
je mettrais bien plus longtemps, des années sans doute, à me faire à l'art inédit, oublié, de bert williams, ce noir grimmé en noir... .... à noter que pour bert williams, il y a trois cd indispensables sous label archeophone, des savants fous doublés de mélomanes qui ont su restituer avec amour le son ... des cylindres ... certaines chansons qu'on n'avait plus écoutés depuis 1900 ....
ne pas oublier que la musique, pour moi, ce sont les disques, et rien d'autre .... .
avec archeophone, la bibliothèque sonore a reculé d'un coup, d'un seul, de vingt ans...
mais pour "entendre" ces disques, il faut du temps ... on n'écoute pas impunément, en quelques secondes, vingt ans de musique inédites à nos oreilles ... c'est de la sf ... c'est très étrange, vraiment très étrange ...
celà fait 2/3 ans que j'écoute bert williams, et je commence à peine à habituer mes oreilles (formatées pour reconnaître des musiques seulement à partir de 1927), à ces chansons étrangement désuètes de bert williams, des chansons de 1905 ou 1907 (sans compter les autres rééditions d'archeophone, qui commencent à vers.... 1885, ou quelque chose comme ça): on est là dans un monde ancien, oublié, inécouté, radicalement nouveau, définitivement incompréhensible et sans doute pour toujours travesti à nos oreilles...
bob dylan & the band/i'm in the mood for love (basement tapes, 1967)
il y a 40 ans, dylan faisait plus beau et plus kitsch que son disque de noël, dont les premiers titres sur youtube sont décourageants

bob dylan/belle isle (self portrait, 1969)
bill evans corner

lucy reed & bill evans/inchworm (1955/films d'occasion)

bill evans & monica zetterlund/some other time (1965)
blossom dearie/once upon a summertime/1966 (films d'occasion production)
sea of love/original doo wop version (phil phillips) and original reggae version (the heptones)
mildred bailey et ellis larkins/i'll close my eyes (version trio, version orchestre, 1947)
ce qui monte doit descendre/irrésistible ethel waters ...

ethel waters/what goes up must come down (new york, 27 mars 1939)
bob dylan/billy 4 (deux prises alternatives enregistrées à mexico)
alan vega/alex chilton: come on lord, plus gospel que les staples singers (la guitare, c'est pops staples resuscité)
bob dylan/a simple twist of fate (hommage à john hammond, 1975)

d'autres testaments perdus: la plus belle voix juive, la plus belle voix arabe ....

feel like slowly dying in the hot exotic sun that's burning me alive, listening the the heavenly voice of nazam al ghazali, most beautiful and almost heavenly singing ever to come from irak, most melodious voice in the whole arabic world

pierre pinchik/eileh ezk'roh (1930) (films d'occasion productions)
c'était le plus grand cantor de tous les temps ... c'est la plus belle musique juive du monde ...
le dernier texte (remix)
je me rends compte que j'ai écrit à toute vitesse, sans contrôler l'ordre de mes idées, pas moins de sept textes en quelques jours, sept textes directement liés au cinéma ... ... .... ça ne m'était pas arrivé depuis très longtemps ... ... c'est beaucoup ... ... c'est trop ... ....
je les laisse reposer ... ... je les réarrangerais, j'y reviendrais, mais je m'interdis d'en écrire d'autres .... trop, c'est trop .. ... sept, c'est bien, non?
... and now, let's forget about cinema, here comes the good old sweet sound of muuuuuusiiiiiiic ....

bob dylan/down the highway (electric guitar heretic mix, dubbing by sbtasche/ dallas, texas 35 year old living in goa, india)


CROONER CORNER: frankie laine takes lead vocal on a delightful 1944 charles brown trio session ... followed by six or seven of the greatest crooner performances ever
(films d'occasion productions)

charles brown trio & frankie laine/maureen

frank sinatra & axel stordahl/i'll be seeing you (1961)/david allyn & johnny mandel/the folks who live on the hill

shirley horn with benny carter/peggy lee with benny carter (1995)

beverly kenney/i walk a little faster/june christy, they didn't believe me

bing crosby & bob scobey/along the way (1957)

matkich bladi
l'éternel retour de r.h. harris, the loveliest soul voice ever: écoutez les accents de sam cooke, marvin gaye, al green, michael jackson, ils sont tous là, dans cette voix divine, celle d'un homme grassouillet, sans charisme, le seul à savoir dans sa voix de miel que les violons ont toujours raison

r.h. harris & the soul stirrers/i'm still living on mother's prayer (alternate long version, 1950/les films d'occasion productions)
cette voix vient de loin, des black minstrels du 19ème siècle aux fureurs androgynes de prince, en passant par sam cooke, little richard, curtis mayfield, marvin gaye, al green, michael jackson ....
en voici un résumé: rh harris/james brown


rh harris/soul stirrers/silent night (1948)/james brown/try me (1959)
le jeune johnny hartman, léger baryton pas encore sous influence nat king cole, chante what's to become of me, tendance dick haymes ou frank sinatra (1947/films d'occasion production)
bob neuwirth is older than dylan, probably 70 already, not singing much, mostly painting and living from the paintings he sells ... sad story, being eaten alive by bob dylan's shadow ... and bob's horrible selfishness and egocentered way of living and thinking ... and killing people sometimes

bob neuwirth/heroes (1996)


bob neuwirth/lucky too/nashville/beautiful day/cloudy day (1996)

bob neuwirth/annabelle lee (1987-1988)
une très envoûtante, très surprenante, reprise de la plus étrange, la plus poignante, la plus fordienne  chanson des basement tapes

suzzy and maggie roche/clothes line saga 
le retour de dylan, léger comme la danse, léger comme l'oubli

bob dylan/forgetful heart (seattle/washington, 5 octobre 2009)
un très rare clip d'un très jeune kinky friedman

kinky friedman/twinkle (lasso from el paso, 1976)


KINKY FRIEDMAN A PARIS

En face de moi, sur la toute petite scène de l’Archipel, il souriait sous son chapeau noir assorti à ses moustaches. Avant même qu’il ait chanté la moindre note, cela tenait du miracle. Voir Kinky Friedman à Paris, qui aurait cru ça possible ? Le légendaire candidat au poste de gouverneur du Texas, mélange de Coluche et de Groucho Marx, l’écrivain-culte des polars à succès hantés par les fantômes de Hank Williams, l’ancienne star de la Rolling Thunder Review (aux côtés de son vieux pote, le minstrel blanc Bob Dylan), et surtout le légendaire chanteur country du Texas, l’auteur de They Ain’t Makin' Jews Like Jesus Anymore (Ils ne font plus de juifs comme Jésus) se tenait à quelques mètres de moi … et il chantait. J’étais heureux comme un enfant, il n’en fallait pas plus à mon bonheur, même si je maudissais intérieurement l’ignorance musicale et la paresse crasse des journalistes parisiens, qui les tenaient éloignés de cette petite scène de rien du tout qui créait l’événement, un événement au moins aussi important que les concerts de Prince au Grand Palais.
Peu de gens savent que le cow boy juif du Texas vaut largement Townes Van Zandt, Willie Nelson, Terry Allen, Joe Ely, Jimmie Dale Gilmore, Guy Clark, Steve Young ...ou même Buddy Holly, tous ceux qui ont fait du Texas l’état qui chante le mieux, et depuis longtemps. Qui le sait, ici ? Il n'y avait dans la salle que des allemands, des hollandais, des américains ... moi qui vais au concert une fois tous les trois ans, j'avais un peu honte d'être français. Mais la musique balaie tout ça, surtout quand elle est douce et sucrée comme celle de Kinky. Autant le personnage est drôle et sévère, rigolard, imposant, autant sa musique est murmurée, fragile, presque féminine. A part ses succès remuants comme Asshole from El Paso, un pastiche endiablé de Okie From Muskogee, la chanson red neck et réac de Merle Haggard, il n’a chanté toute la soirée que des standards country et des ballades, les siennes (Sold American ou Autograph, reprise par Delbert McClinton) ou celles des autres (Woody Guthrie surtout, dont il reprend Pretty Boy Floyd avec une fidélité touchante). Mais c’est avec la jolie ballade de Peter La Farge, The Ballad of Ira Hayes, qu’il est peut-être le plus convaincant : n’insistant jamais sur le pathos des paroles, il la survole du bout des lèvres, du bout de l’âme, lui redonnant toute sa dignité originelle, à la fois subtile et mélodramatique, celle qui décrit la vie d’un Indien de l’Arizona, emporté par la déchéance, la honte et l’alcool après avoir été un combattant héroïque à la bataille d’Iwo Jima. Même si Dylan l’a interprétée avec tendresse, la version de Kinky Friedman est infiniment plus subtile, meurtrie, comme tournée vers l’intérieur. C’est ce mélange intime de burlesque (avec son vieux complice Little Jewford en Harpo Marx écarquillé) et de fragilité mélodique que Kinky sait le mieux communiquer à un public qui l’aime d’amour depuis longtemps. On ne remerciera jamais assez Karel Beer d’avoir bricolé en secret la venue de ce héros américain, comme il l’a fait par le passé avec Guy Clark, Chip Taylor et tant d’autres.
(à paraître dans ROLLING STONE)

lundi 28 septembre 2009

le premier spectateur
c'était il y a longtemps ... plus d'un siècle, c'est beaucoup, c'est peu ... en regard de l'art,de l'art d'usine, c'est infinitésimal ... des gens ont eu peur, un par un ou ensemble, ils ont eu peur ... c'était le premier, les premiers spectateurs de quelque chose qui n'avait pas encore de nom ... ils ont eu peur des premières images qui s'agitaient devant eux: un train, une pirogue, des ouvrières ... ... et puis ce furent des tour des passe passe, des jongleries, des clowneries, des gigotis, des gigotas, des numéros de magiciens, et même des yodels tyroliens passés au brou de noix du mississippi ....... ..
le cinéma forain se faisait dans les foires, on ne connaissait pas le nom des artistes de cirque qui organisaient toutes ces images (lumière, méliès, ce n'était que des noms de code, les plus connus, pour tous les opérateurs qui produisaient tous ces inédits au grand jour), le cinéma forain s'improvisait sous des tentes, des chapiteaux, les mêmes chapiteaux qui parcouraient au même moment l'Amérique pour vendre des élixirs, mettre en scène des cow boys, exhiber des peaux rouges, présenter à des petits blancs ahuris qui n'avaient jamais vu de noirs, des travestis raciaux, ces extraordinaires black minstrels dont emmett miller est le dernier, le dernier à être enregistré et filmé, en tout cas ...

emmett miller (à droite) not his singing yodel, i'm afraid, just his magician's late screaming yodel
et puis, et puis, et puis ... ....
un jour naquirent, sans qu'on même s'en rende compte, des films formatés, muets, parlants, qui racontaient des histoires en une heure trente, des histoires jouées par des acteurs .. .. ... les premiers spectateurs avaient disparu sans même qu'on s'en rende compte ... ... faut-il les faire revenir? sans doute pas .. .. ... mais ce qu'il faut faire revenir, par n'importe quel moyen, c'est l'éblouissement gamin devant les premières images .. .. .. un seul homme a vraiment essayé .. .. il s'appelle werner nekes ...

johnny flash (werner nekes)
pas vraiment représentatif de nekes, mais il se fait rare sur youtube: disons surtout qu'il est le seul cinéaste expérimental à avoir travaillé sur la caméra elle même, les focales, les objectifs, s'inspirant même des objets de pré-cinéma qu'il collectionne ... pour essayer de faire de la caméra autre chose que l'objet utilitaire et marchand qu'elle est devenue ... son idée, c'est de revenir à lumière ... et puis de changer de direction, de bifurquer, d'aller ailleurs ...
(à suivre)

le premier white minstrel

portrait de dylan en jeune travesti
on parlait de la grande figure oubliée des travestis raciaux, on évoquait le maître caché du jeune bob dylan, "the minstrel man from georgia", emmett miller ... ... c'était le plus grand des blackface, des black minstrels, ces blancs grimmés grossièrement en noirs, qui rigolaient et chantaient "comme des noirs"... .... .... ...
un jour, il y a plus de trente ans, précisément en 1975, avant de partir sur les routes avec sa troupe bigarrées d'amis, d'amantes, de charlatans, de cracheurs de feu, de violonistes, de danseuses, et même de cow boy juifs (kinky friedman, le plus grand chanteur juif du texas), pour sa toute première rolling thunder revue, dylan a eu une drôle de vision: il a rêvé qu'il était un minstrel, un white minstrel ....
... .... il connaîssait par coeur l'oeuvre complète du blackface emmett miller, celui qui a révélé hank williams à lui-même avec lovesick blues, celui qui a inventé cet étrange yodel sauvage qui a tant impressionné howlin' wolf, captain beefheart -et bob wills, et merle haggard, et lefty frizzell .... .....
... .... mais bob dylan connaisssait surtout bert williams, l'une des premières superstars du cinéma et de la chanson, dès 1912, il savait que c'était un noir qui se grimait ... en noir
... bert williams était célèbre pour cette étrange routine de vaudeville, mais il n'était certainement pas le seul (sammy davis enfant, armstrong jeune homme, et beaucoup d'autres se grossissaient les traits pour paraître plus noirs, pour devenir des nègres plus nègres que les nègres) ......
... .... ... le seul qui a survécu (en films rares, en disques crachottants), le seul qui témoigne de cette préhistoire archaïque des black minstrels, c'est bert williams, le plus célèbre des noirs déguisés en noirs ... ....

bert williams (bande-annonce d'un documentaire fait par des lycéens noirs américains/trop de rap, mais les images de bert williams sont trop rares pour qu'on s'en prive ... écoutez bien: à partir de 1.50, il chante "nobody", l'un de ses tubes)

bert williams/he's a cousin of mine (1906) ... étrangement bert williams, ce célèbre black minstrel noir chante "plus blanc" (comme rudy vallée ou un pré-bing crosby) que le black minstrel blanc emmett miller ... même si sam cooke a repris sa chanson

... .... .... des noirs grimés en noir, ah ah ah ..... ..... l'idée était trop belle, trop conceptuelle, trop poétique, trop fantasmatique, trop allégorique, trop dylanienne en un mot.. ... ... quand l'idée du cirque ambulant de la "rolling thunder revue" lui est venue, quand il s'est décidé de remettre charlie chaplin et le vaudeville à la mode, bob dylan l'a su en un éclair: il allait être le premier chanteur blanc ... à se grimer en blanc ...
(à suivre)

vendredi 25 septembre 2009

dylan, godard .... and me
introduction en anglais ... pourquoi? comme ça, comme une chanson ....
i bet the last modern movie will be a godard movie ... a thousand spliced images for a new century.. i bet the last contemporary song will be a dylan song, a thousand words, a thousand new characters, a new tribe of friends, enemies, new music for centuries to come ...

bob dylan/positively van gogh
ne pas oublier que dans des circonstances mystérieuses, jamais complètement élucidées, la vie de ces deux la a basculé .... pas au même moment mais presque, a la fin des années soixante, leurs vies se sont déchirées, scindées en deux .... .... a quelques mois près, dans un même accident de moto .... vies fracturées, nouvelle identité schizoïde ... un art éclaté, radicalement nouveau se met en place: ni le cinéma, ni la musique ne s'en remettront ... deux maîtres sont en train de naître .... ou plutôt de renaître a l'art et a la vie .... ... ...
... une même méfiance, un dégoût presque pathologique pour les fans, ces groupies envahissants qui les terrorisent, les rapproche encore plus: dylan parle de ces admirateurs puants qui rampent sur le toît de sa maison pour le voir de plus près, godard imagine un personnage homonyme, joué par dutronc (dans sauve qui peut la vie) qu'un admirateur veut enculer...
... et moi, au fait? qu'est ce que je viens faire là-dedans ... disons que j'ai eu longtemps, comme beaucoup, la tentation d'être moi aussi quelque chose comme le dernier cinéaste .... c'était à la fin du siècle dernier, quand je croyais encore réaliser avant l'an 2000 la version définitive de l'escalier de la haine, celle que j'appelais le juif de lascaux ... qui devait être dans ma tête quelque chose comme "le dernier film", un mélange inédit de dodesk'aden et de skorecki/fellini ... en y renonçant, j'ai renoncé aussi à cette ambition puérile .... être le dernier cinéaste ... je laisse cela à godard, à garrel, à tant d'autres qui occupent déjà la place ....
(a suivre.....)
melville et moi (remix)
du temps où j'écrivais au jour le jour sur le cinéma, je n'y allais déjà plus, et parler de vieux films en étant le plus loin possible de cet art industriel qui virait de plus en plus à l'industrie ... produisait des effets, des flashs inédits ailleurs, dans la littérature cinéphile ordinaire ... ... c'est la musique, et elle seule, qui me fait vivre depuis plus de vingt ans ... c'est avec l'expérience sensible (et non plus intellectuelle) de la musique que je me permets d'écrire encore de temps en temps sur le cinéma
j'ai toujours aimé melville -et surtout adoré un flic, son dernier film si maniéré qu'il en devient, paradoxe rarissime, déchirant de vérité.... l'émotion vient pour une fois du trop de mise en scène, d'une sorte d'usure en direct qui se transforme en larmes ... ... ... ... tout ça pour dire que j'ai vu l'autre jour le deuxième souffle à la télé et que je suis passé insensiblement -et en direct- de l'admiration à la détestation... .... .... c'est du cinéma filmé au pire sens du mot, surligné, apprêté, artificiel, distancié, mythologisant, référencé cinéma à tous les étages -et en plus en noir et blanc (en 1966, faut le faire)... ... ... jean renoir au moins (pas mon cinéaste préféré) préférait la vie au cinéma, même dans le cinéma il préférait la vie. ... ... ... dans ce sens là, sa leçon de cinéma accidentel a été bien oubliée (même par pialat, qui le singeait artificiellement) .... .... .... .... si hawks avec rio bravo (1958) était le premier postcinéaste, flamboyant d'humour et de vie, melville avec le deuxième souffle, enterre huit ans plus tard le bébé avec l'eau du bain: plus de vie, plus de larmes, plus de rires, juste des effets-cinéma à en crever ... ... on en est là depuis plus de quarante ans, dans un désespérant sur-place dont personne ne semble se soucier.... .... ....
.. et moi, au fait? qu'est ce que je viens faire là-dedans ... disons que j'ai sans le savoir, du moins sans l'avoir prévu, préparé avec cinéphiles 3 (les ruses de frédéric), et skorecki déménage, le retour à un cinéma plus modeste, plus léger, situé le plus loin possible des sentiers battus du cinéma filmé ... un cinéma pochette-surprise, fidèle à l'appellation originelle des "films d'occasion" ("loin du cinéma productions"), qui dit mieux quelle était mon ambition de producteur .... créer autre chose, ailleurs, qui délaisse le cinéma pour les rires et les larmes enfantines de la vie comme elle va ... ... ... .... .... .... à d'autres maintenant de bricoler, le plus loin possible de ce cinéma plus froid que la mort qui squatte les salles, des films rigolos, sans prétention, pour des spectateurs impatients de naître au grand jour ...
... .... parmi mes amis cinéastes (patrice kirchhofer, stavros tornes, jean-claude biette), et mes copains (jean-claude brisseau, joseph morder, pierre léon, laurent achard, pierre brody, vladimir léon, harold manning ...), l'unanimité est loin d'être faite autour de cette question d'un cinéma modeste à venir -un cinéma personnel, disons ... il y a autant d'opinions que d'individus, ce qui n'est pas plus mal après tout ... signe que cette tribu est vivante, hétéroclite, frondeuse .... et qu'elle pondra des oeufs dont naîtront des films, dont naîtront des films, dont naîtront des films .... ....
(a suivre)
les cinéphiles (le retour de jean)/skorecki,cressolle,abdi (1988)

jeudi 24 septembre 2009

Dylan à 70 ans
(à paraître dans ROLLING STONE)

Il les a presque, le vieux con. L’heure du bilan? Pourquoi pas†? Bob Dylan n’a jamais bien chanté, que ce soit clair entre nous. Il peut Ítre criard et inspirÈ en studio (comme lors des sessions new yorkaises de Highway 61 Revisited, l’ÈtÈ 1965 -je le sais, j’y Ètais), et c’est ‡ peu prËs tout. Il se lasse trop vite de ses propres chansons, ne sachant que les rÈarranger, les triturer, les dÈmolir pour les rendre mÈconnaissables (et souvent inaudibles). On trouve des choses extraordinaires enregistrÈes en concert sur youtube, mais pour une belle chanson, il y en a une centaine d’inÈcoutables. A part quelques concerts fulgurants, droguÈs, sous acide ou hÈroÔne (ou ce que vous voulez, vous avez le choix), donnÈs en 1966 (et le miracle toujours inexplicable de l’annÈe 2000 -une vraie Èpiphanie- o_ il n’a livrÈ en concert que des chefs d’œuvre d’Èquilibre et d’Èmotion), bob dylan chante toujours comme un pied (ou un canard, ou ce que vous voulez). Je l’ai encore vÈrifiÈ en 2003, lors de deux concerts ‡ Hambourg dans une toute petite salle (moins de 1800 personnes chaque soir ‡ tout casser), c’Ètait une horreur, et mÍme ‡ vingt mËtres de lui, avec une sono impeccable, je n’ai presque reconnu aucune chanson.
Tout Áa pour dire que depuis quelques mois, le vieux Dylan m’Èpate de nouveau†: il retrouve le sens de la mÈlodie, chuchotÈe, chantÈe, grommelÈe, lui qui avait perdu depuis des annÈes ce sens de la mÈlodie, la mÈlodie originelle de ses chansons en tout cas, ‡ force de les dÈmembrer, de les dÈtourner, de les massacrer. Quelques chansons live sur you tube tÈmoignent de cette nouvelle Èpiphanie, de cet art retrouvÈ d’inventer sur place, en direct, une Èmotion toute bÍte, faite de notes et de mots. Il gigote mÍme ‡ la guitare de temps en temps comme le clone de Little Richard qu’il Ètait ‡ quinze ans, ses genoux redevenant par miracle pris dans une danse de saint gui guillerette, Èpileptique, communicative et nerveuse. Regardez le chanter sur youtube il y a un mois _ (le 2 juillet exactement) l’une des nouvelles chansons de son dernier disque, la sublime This Dream of You (http://www.youtube.com/watch?v=VVhWDvgAjjo), il y a deux versions du mÍme concert, prÈfÈrez celle l‡, postÈe par expecting34, l’image est rudimentaire mais le son est remarquable pour une fois, presque un son de studio), Áa vous donnera une idÈe. Je suis s°r que son disque de chansons de NoÎl, dont se moquent ‡ l’avance les puristes, sera une merveille cristalline et mercuriale. Les AmÈricains sont trËs forts sur les chansons avec rennes, hotte remplie de cadeau, neige Ètincelante, ferveur familiale. Ils ont un sens de l’Èquilibre et du bonheur, eux. AprËs tout, c’est le grand Irving Berlin, l’analphabËte ‡ l’accent yiddish du shtetl, qui a Ècrit en 1940 White Christmas, la chanson la plus vendue des tous les temps. Ecoutez les versions de Sinatra, Presley ou Bing Crosby si vous ne me croyez pas. Et celles de Presley, des Drifters, de Charlie Parker, ou mÍme de Tony Bennett. C’est une sacrÈe belle chanson, si vous voulez mon avis. Vous ne le voulez pas†? Trop tard, vous l’avez.

ethel waters: sex, rape and other things ...

sa mère a douze ans quand elle accouche d'ethel, le père, blanc, est l'homme qui l'a violée... mieux que bessie smith, ethel waters annonce billie holiday (et lee wiley)

ethel waters/bread and gravy (1939)/films d'occasion prod
heavily sexual double entendre bluesy ballad (written by the one and only hoagy carmichael)

ethel waters/supper time (1933)
sur une musique et des paroles pré-strange fruit d'irving berlin (mon homme a été lynché, faut mettre le dîner...), ethel waters devient en 1933 la première superstar noire ...

lundi 21 septembre 2009

deux ou trois idées sur les derniers films que j'ai vus à la télé
de temps en temps je laisse la télé venir à moi ... l'autre jour j'ai vu la moitié de nosferatu dans une copie toute neuve (d'une beauté éblouissante, mais qui n'apporte rien, elle tendrait même plutôt à "esthétiser" le film un peu trop), et hier j'ai revu le grand sommeil en v.f... bogart est évidemment obscène, mais il passe mieux en français que prévu, comme une sorte de jeune robert dalban qui ferait les grimaces de dylan mieux que dylan ... la voix de bacall est correctement grave, j'avais oublié que cette jeune juive chantait si bien ... sinon, comme chacun l'a remarqué, c'est une comédie loufoque déguisée en detective story ... hawks est familier de ce genre d'inversion ... il l'a déjà dit lui-même souvent ...
à propos d'inversion, je jeune héros de nosferatu est décidément un "inverti", comme on le disait des efféminés d'hier ... c'est un travelo très réussi, aux fesses correctement rebondies, et sa femme est tout aussi correctement masculine ... celà a-t-il un rapport avec le vampirisme? ... je n'en sais rien, mais celà a évidemment un rapport avec les penchants sexuels du jeune murnau ...
ps. je n'aime pas beaucoup le muet (sauf chaplin évidemment) et hawks m'a toujours semblé un peu raide, un peu froid (sauf quand il prend gary cooper, aux beaux yeux de biche si féminins -ou angie dickinson, ou encore paula prentiss, si masculines, pour leur mettre dans les bras un rougissant john wayne ou un maladroit rock hudson)
(à suivre)
modestie/orgueil (post scriptum)
20 ans déja que le désir de filmer m'a quitté ... plus exactement, c'est la necessité d'ajouter un mauvais film de plus à tous les films médiocres qui se faisaient qui m'est apparue ridicule... .... je me suis interdit de filmer, je me suis privé du plaisir de faire des films ... cinq ou six ans plus tard, j'ai ressenti un drôle de truc: il m'a semblé que chacune de mes petites chroniques au jour le jour valait un film ... orgueil? sans doute ... j'ai pensé, je le pense encore, que j'étais le seul a penser encore le cinéma ... en particulier parce que je n"y allais plus ... c'est du dehors, le plus loin possible du cinéma, que je parlais encore des films, ceux du passé, ceux du présent ........
.... il y a deux ou trois ans, en refaisant sans trop de conviction un petit film (cinéphiles 3/les ruses de frédéric), je pensais juste à faire le moins mal possible .... modestie? manque d'illusions? comme vous voulez ... ... c'est en voyant ce film terminé que j'ai compris que c'était mieux que ca ... j'en étais très fier, j'en suis encore très fier ... ... modestie ou orgueil, appelez ca comme vous voulez ... .... j'ai juste eu l'impression que quelque chose de vivant (la même chose dont j'étais fier dans mes chroniques de libé), un cinéma modeste et rigolo, était revenu ... orgueil? modestie? à vous de voir ...
pourquoi je suis content de cinéphiles 3 (et dans une moindre mesure du retour des cinéphiles, et de skorecki déménage)
1. les acteurs n'y jouent pas dans la triste tradition pialat/cassavettes ... comment font-ils? à vous de deviner ... sans le préparer, sans le savoir, j'ai travaillé à une nouvelle manière de dire des dialogues ... ... je ne disais pas autre chose dans mes chroniques, je ne cherchais pas autre chose
2. les enfants ne jouent pas comme ailleurs .... ils sont une des vérités inattendues de ces films
3. ni C3 (les ruses de frédéric), ni le retour des cinéphiles, ni skorecki déménage, n'a comme unique sujet -au contraire de 99% des films qui se font en france- le cinéma ... ces trois films montrent des corps parlants, ils les exhibent, ils les trimballent .... disons qu'ils sontà la fois straubiens ... et enfantins
4. je n'ai pas ressenti le besoin de mettre en scène skorecki déménage, raphaël girault l'a fait à ma place ... la réalisation n'est rien, seul le film compte ...
5. j'ai fait ces trois films en deux ans ... je croyais être sans désir de cinéma, je croyais filmer à la vitesse d'un escargot sous anxyolitique, en vérité je n'ai jamais fait autant de films en si peu de temps ... aller vite ou lentement, quelle importance ....
(à suivre)

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."