samedi 10 novembre 2007

hey louis, what's the difference between technique and poetry?

la chanson américaine est le pendant du cinéma hollywoodien, deux arts d'usine tous les deux sur le déclin, avec un même pouvoir de rêve et d'évocation, de magie et d'incantation.
la chanson a moins souffert que le cinéma, ruiné par la concurrence de la télé, de la vidéo, du dvd, d'internet, etc.
en france, pour la chanson comme pour le cinéma, il s'est toujours agi d'un artisanat, avec tous les bricolages et astuces qui vont avec.

aux USA, c'est toujours d'une gigantesque usine que sont sortis les grands chanteurs et les grands cinéastes.
il n'y a plus de grands cinéastes, mais il y a encore quelques grands chanteurs.

les crooners américains sont de grands techniciens, des raconteurs de rêve, des artisans du demi ton (dans la musique country, ils sont plus techniques encore), alors que les chanteurs français restent désespérément amateurs, poètes, troubadours, dans le pire sens du terme.

pour voir de près la technique pure, l'intensité, le génie d'un crooner au travail, regarder (un peu plus bas) les quarante minutes du concert à la BBC de harry nilsson et gordon jenkins, l'un des sommets de la ballade classique.

dans le combat sinatra/sablon, c'est évidemment sinatra qui gagne, même si sablon le précède d'une vingtaine d'années dans l'art des crooneries délicates, à l'égal d'un bing crosby qui ne swingerait pas beaucoup.


1. CROONERS
la plus belle chanson de STRANGERS IN THE NIGHT, 1966

REACHING FOR THE MOON, une belle chanson archaïque d'IRVING BERLIN


2. JEAN SABLON, l'exception française.


il y a encore moins d'images de JEAN SABLON, rien de ses films hollywoodiens du début du parlant.

3. COUNTRY


LEFTY FRIZZELL, le grand maître de merle haggard (et de tant d'autres)
le plus grand des techniciens country
il pliait les voyelles à sa guise, il les étirait, il les chewingumisait d'amour



GEORGE JONES, la plus belle voix de toutes les belles voix, celui qui chante le mieux l'amour (on lit sur son visage les cicatrices de la vie et de l'alcool, l'alcool qui tue ou qui aide à cicatriser plus vite).

funny how time slips away
WILLIE NELSON, all alone with his guitar (ne jamais oublier qu'il adore django).


MELBA MONTGOMERY, la plus belle voix de la country music (pour jérôme reese: les violons ont toujours raison)

vendredi 9 novembre 2007

hey louis, who are butch and the sundance kids?

IKE 1.
HANG ON TO ME (1936, early technicolor)

IKE 2.
the original SINGIN' IN THE RAIN (1929)







BUTCH AND THE SUNDANCE KIDS


SMOKESTACK LIGHTNING (for the mississippi sheiks)








JACK, EDDIE, NINO NINO, et LES DANSEURS
CINEPHILES AU TRAVAIL


WHISPERING JACK SMITH

EDDIE ANTHONY/HENRY WILLIAMS, LONESOME BLUES


NINO NINO

LES CINEPHILES AU TRAVAIL













CINEMA/MUSIQUE




if you don't know anymore where you are, who you are, AND WHAT MUSIC YOU LIKE BEST, i will have proven my point:
music is where good taste ends, où les hiérarchies s'abolissent, où noir devient blanc et inversement.
ne plus savoir où on est et ce qu'on aime, c'est là où commence la musique.
not knowing anymore where your (good) taste leads you, listening to music without even knowing what it's called or what it stands for, this is where MUSIC begins.
la musique commence là où finissent les longues habitudes ou les hiérarchies, au moment même où elle s'écoute.
en 5.1 ou en mp3, avec ou sans livret, elle détruit toutes les certitudes.
elle est l'incertitude même.

PEGGY LEE chante JUDY COLLINS (my father), 1981


VLADIMIR ET ANDRE VONT AU CINEMA
VLADIMIR ET ANDRE VONT AU CINEMA







CINEMA IN THE DARK
(LA DERNIERE MORT DE ROBERT BRESSON)

avec son SECOND SOUFFLE, corneau met à mort bresson

(et pas melville, comme on le croit bêtement)



rappeler que melville, c'est un petit bresson.
un bresson viré polar: postsynchro intégrale, antinaturalisme total, modernisme décalé, postcinéma prophétique.


rappeler que l'influence de bresson (une influence évidemment souterraine) s'est principalement exercée à la télévision: regarder les vieilles dramatiques télé, constater une fois de plus l'emphase des acteurs (même le génial jean richard, le meilleur MAIGRET après harry baur et pierre renoir) pour s'en convaincre.

après bresson, plus rien n'est comme avant.

après melville, le bresson b., c'est autre chose: vient le maniérisme nippon, l'exotisme chinois, les ralentis tarrentinoïesques, c'est le début de la fin.

on n'a pas arrêté de prendre chez lui ce qu'il y a de pire (disons LE SAMOURAï, pour aller vite) et de délaisser le meilleur (UN FLIC).

rien qu'à voir les extraits speedés du DEUXIEME SOUFFLE de CORNEAU (une opération commerciale identique à celle du parrain berri remettant pagnol au "goût du jour"), entre remake de CLOUZOT et pastiche de WONG KAR WAï, on sait que la guerre est perdue.
oui, la guerre est finie.
à la télé, ça va encore.
au cinéma, c'est la deuxième mort de robert bresson.
sa vraie mort.
après, il n'y a plus rien.
comment je le sais?
je le sais, c'est tout.


miss PEGGY LEE, when the world was young, 1982.


CARLOS DI CARMO
le sinatra portugais

hey louis, why peggy lee?

j'ai mis plus de vingt ans à comprendre que peggy lee était ma chanteuse préférée.
comprenez moi, il y avait billie, sarah, shirley, carmen, et puis lee wiley, mildred bailey, irene kral, sylvia sims, jerri southern, blossom dearie, chris connor, june christy, connee boswell, anita o'day, tant d'autres encore.
peggy a eu une carrière plus étrange, à la fois crooneuse et popstar (fever), elle est plus difficile à "cadrer".
mais quand on l'a dans le viseur, c'est pour la vie.
elle est l'égale d'un frank sinatra, avec lequel elle a des tas de points communs.
never forget she was duke ellington's favorite singer (he called her "the queen").

peggy lee a limité elle-même son spectre vocal au fur et à mesure des années (less is beautiful), ralentissant souvent le rythme à l'extrême et installant ici et là une sensualité décalée qui fait d'elle une étrange mixture de deux grosses femmes inoubliables, mildred bailey et marilyn monroe.

en ce moment, j'écoute en boucle THE COMPLETE PEGGY LEE-JUNE CHRISTY CAPITOL TRANSCRIPTIONS (mosaic): on est à la radio, entre 1946 et 1949 (les sessions de 49 sont les plus belles), dave barbour l'accompagne de sa guitare légère et amoureuse, elle sonne encore un peu comme billie holiday: cristalline, légère, aérienne, un rêve de jeune fille.


1950. la jeunesse.
elle a trente ans, elle chante avec dave barbour, l'homme de sa vie.


1962. la classe.
il faudra attendre encore 25 ans pour avoir la version définitive de cette chanson (MISS PEGGY LEE SINGS THE BLUES, disque rauque et minimaliste, mat, métallique, sensuel, à deux doigts de la mort).


1983. la perfection (the folks who live on the hill/jerome kern).

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."