jeudi 12 juillet 2007

cinéphiles 3 1/2

29 commentaires:

skorecki a dit…

blackface toi même, emmett miller n'a pas attendu les cocainomanes edentés pour apprendre à chanter le blues noir mieux que tous les john lee hooker du monde.

orphée a dit…

ah louis, comment tu fais pour user tes blogs aussi vite? Celui-là, je le découvre seulement maintenant (merci gabrielle), ça semble bien parti (hum, mais jusqu’à quand?) et les contributeurs ont l’air plus classieux que sur le précédent (pas difficile, tu me diras). A part ça, t’as pas répondu sur nick tosches, t’en penses quoi de ce type qui a quand même consacré vingt ans de sa vie à celle d’emmett miller?
Et puisqu’on parle de miller, je voulais te dire que j’ai écouté quelques unes de ses chansons sur le site redhotjazz.com, je ne sais pas quoi en penser pour le moment, ça me semble tellement loin, peut-être parce que j’ai sauté trop d’étapes d’un seul coup.
a+, orphée.
PS. au fait, t’es toujours enfermé dans ta casbah?

skorecki a dit…

1. dans country, tosches était brillant sur emmett miller, un peu excessif comme toujours mais brillant
2. j'ai acheté dès sa parution DISTANT VOICES,c'est nul, tosches a perdu miller de vue, il a retouvé sa tombe, il ne l'écoute plus, il glose. J'en ai parlé à peter guralnick (le plus grand critique de musique américain): il trouve comme moi que TOSCHES, qu'il connait bien et apprécie, perd de plus en plus la musique de vue
3. tosches = effets de terreur (comme les CAHIERS des annnées 60 si vous voulez), c'est idéal pour ceux qui n'écoutent pas de musique, mais qui en rêvent, ou qui s'habillent avec.
4. jean-christophe averty écoute ses 78 tours d'emmett miller depuis un demi siècle...
5. c'est une musique difficile: il ne jouait pas avec des jazzmen dans les années 10, mais alors il sonnait comment sous les tentes des vaudeville shows?
6. ecoutez la version rugueuse du LOVESICK BLUES de miller, puis le sublime remake de HANK WILLIAMS.Passez les vingt ou trente années suivantes à comprendre, EN MUSIQUE, pourquoi et comment la version d'emmett miller est tellement plus belle.
7. armstrong aussi est difficile au début, tellement difficile.
7 bis. Ecoutez BUTCH CAGE pour commencer à comprendre emmett miller et le pré-blues du 19ème siècle.
7 ter. Lisez LOVE AND THEFT, pas le disque de dylan, le livre.

skorecki a dit…

le son est mince, très mince
il faudrait un génie comme robert parker ( l'homme des rééditions BBC, un australien fou qui a su redonner à la voix crachottante et nasale de bessie smith sa réelle épaisseur) pour restituer la vraie vgoix d'emmett miller
PS. saviez vous qu'Armstrong, du temps de sa jeunesse, avait lui aussi été un blackface, un noir grimmé en noir (et sammy davis jr aussi)?

skorecki a dit…

personne n'a jamais obligé personne à rien, armstrong se grimait en noir peut-être parce que ça faisait rire sa mère, ou qu'il se trouvait plus beau comme ça...
par contre, il a utilisé l'image du bon noir aux gros yeux avec une virtuosité et une intelligence démoniaques (attention aux clichés "bon noir" "mauvais blanc", en musique il n'y a pas de clichés, juste de l'émotion, et tout recommence à chgaque fois, comme pour la première fois)

skorecki a dit…

quel âge as-tu roland? 13 ans? 15 ans? Le monde est plus complexe que tu ne le crois, et armstrong plus ambigü que tu ne le seras jamais: jeune, il s'habillait en léopard, il était beau comme une fille, et cocteau rêvait de coucher avec lui. Si tu crois que Cocteau aimait les blackface tu te trompes, il aimait les noirs, les boxeurs, et les belles bites Ecoute Butch Cage sur YOUTUBE, c'est gratuit, et lis moins de bêtises, tu en diras moins. Bye bye.
PS. les Noirs ont des mères aussi.

orphée a dit…

Ok, louis, pour emmett miller, je vais attendre un peu.
Sinon, désolé de parler pizzas mais je voulais revenir sur le sujet de ton post, "les cinéphiles 3" et plus particulièrement le passage avec beigbeder sur "rio bravo". Le film de hawks, je l’ai revu il y a pas longtemps, à la lumière de tes textes, et c’est vrai qu’il a quelque chose de queer. Jusqu’à présent, je le voyais simplement comme un western côté coulisses, celles du théâtre d’ailleurs plus que de la télévision (voir l’entrée de dean martin dans le saloon, après le générique qui semble évacuer en un seul plan toute la tradition westernienne des grands espaces, cette entrée donc où il entrouvre timidement la porte, et non en poussant violemment les battants comme dans la plupart des westerns - on a l’impression qu’il entre par derrière, par la porte de service). Mais au-delà du décor, c’est l’itinéraire de john wayne découvrant la femme, passant de l’amitié entre hommes (les culottes rouges sur lesquelles on plaisante) à l’amour de la femme (les collants bleus que l’on jette par la fenêtre), qui m’a toujours séduit dans "rio bravo". C’est vrai que ça aguiche pas mal dans le film, ça drague même, des sourires en coin de wayne (je parle même pas de son déhanchement) aux mouvements de paupières de ricky nelson (telle une poupée barbie fermant les yeux quand on la couche), mais le côté drag queen m’était jamais vraiment apparu. Or le drag queen c’est bien celui qui théâtralise la pensée queer, cette théorie qui veut que le genre (masculin, féminin) soit dissocié du sexe (mâle, femelle): un corps d’homme caricaturant à l’excès les marques (culottes à dentelles, collants transparents...) du genre féminin. Autant dire qu’ici john wayne ne vise pas à cacher son sexe, par trop évident, à la différence de katharine hepburn dans "syvia scarlett", vrai film de travesti celui-là, peut-être mal fichu comme tu dis, mais particulièrement bien fagoté à mon goût. Est-ce pour cela que tu parles de "rio bravo" comme d’un film qui récapitulerait tous les genres, un film trans-genres en somme, débarrassé des normes hollywoodiennes du genre? Ce qui expliquerait qu’il soit à la fois si en retard ("canyon passage" de tourneur a été réalisé douze ans plus tôt) et pourtant parfaitement en phase avec son temps.

skorecki a dit…

ce que tu dis est intelligent d'un point de vue auteuriste, à la douchet, à la bonnaud, mais bon, de l'eau a passé sous les ponts et le cinéma lui aussi s'est transformé.

en quoi? là est la question à laquelle je ne répond jamais le samedi.

emmett miller mène le monde (des formes, des idées, des sentiments, de la musiquecinéma si tu veux), plus ford.

même plus ford? exact, même plus ford.

butch cage est plus simple à comprendre, il dit en qq secondes ce que STEAMBOAT ROUND THE BEND commence à peine à dire en une heure et plus: que le monde noir a toiujours été terriblement blanc, et inversement.

est-ce si dur à comprendre? pour les théoriseux français, oui, pour les pragmatiques anglo-saxons, un peu moins.

disons qu'au début du monde il y avait la muisique, la chanson d'adam, et qu'à la fin il y aura la chanson d'eve, encore plus belle.

entre les deux, quoi: un rectangle blanc sur lequel charlot écrasait des oeufs dans sa poche et qui faisait rire la maman de james agee: c'était tellement DEGOUTANT comme sentiment. ce sentiment là, c'est le cinéma (ou c'était, c'est comme tu veux). et si C3 esrt un peu le cinéma, j'ai gagné.

quoi?
à vous de voir.

boris barnet a dit…

pasionnant!!

ce blog est effectivement un peu (!!) moins trash que le précédent...

- parce qu'il s'est un peu éloigné du cinéma pour se rapprocher de la musique?

- parce qu'il s'est un peu éloigné de Paris (la casbah, le Mississipi, Zachary en Louisiane, Newport, Moscou... le Pajottenland - hein? quoi? où? -)??

bref... encooore!

b.b.

skorecki a dit…

merci l'ami

orphée a dit…

ah oui j’oubliais, tu parles du dehors du cinéma louis, alors que moi je ne peux parler que du dedans, parce que pour parler comme toi du dehors, il faut déjà être passé par l’intérieur et, comment dire, en avoir fait le tour. C’est pour ça que je te comprends pas toujours. Que la musique en dise mille fois plus que le cinéma, je le conçois aisément (hé, je m’appelle pas orphée pour rien), mais peut-on vraiment comparer musique et cinéma? aucun film , même le plus beau mélodrame, même le plus beau mizoguchi, ne pourra évidemment aller directement au cœur comme peut le faire la musique, et notamment cellede tous ces vieux bluesmen que tu affectionnes tant. Sauf que moi quand je regarde un film j’en attends pas la même chose que quand j’écoute un disque. Et pour en parler c’est pareil, d’ailleurs c’est bien simple, on peut discourir sans fin des films, alors que pour la musique on ne trouve jamais les mots. Voilà c’est tout ce que je voulais dire, maintenant on peut parler musique, que musique même, du moins essayer.
Bises, orphée.

skorecki a dit…

la différence entre musique et cinéma? pas de théorie, rien que de l'émotion pure: pas de frime, pas de "frame", rien que du vécu...
et après?
après, on verra
après, on y est
après, on y reste
pour faire quoi?
aimer, mourir, aimer
dormir un peu
rêver beaucoup
vivre, coco, vivre
rien que ça?
et pourquoi pas?

skorecki a dit…

je n'écoute presque plus jamais de blues... non.
du pré-blues, oui, comme butch cage et son violon magique - le son des string bands à faire danser (charlie parker aussi faisait danser), et comme je ne danse pas, j'écoute les noirs qui dansent...
sinon j'écoute presque toujours de la musique blanche, et surtout de la country.
la cinéphilie a été la recherche des films dans des mauvais lieux, les salles de cinéma pourries des bordels du monde postcivilisé, sans recherche elle n'est rien.
daney était meilleur critique de cinéma que moi, mais sur la musique, il était nul.
enfin, non, il pouvait fredonner par coeur un solo de parker ou de wardell gray.
on ne se rappelle pas de lui pour ça.
dommage.

orphée a dit…

j'ai vu il y a quelques années le film de charles burnett "devil's fire" sur les racines du blues. La partie fictive était très mauvaise mais il y avait dans le film de nombreux documents d'archives, on y entendait entre autres son house, des chanteuses comme ma rainey ou bessie smith, des aveugles itinérants aussi dont j'ai malheureusement oublié le nom...

skorecki a dit…

noir, c'est blanc, crois moi (dèjà, si tu as vu son house ou charley patton, ou même chuck berry, tu as vu qu'ils ressemblaient plus à Errol Flynn ou Clark Gable qu'à Wesley Snipes), c'est con mais c'est comme ça.
et blanc c'est noir, c'est pourquoi charlie parker et ray charles n'aimaient que la musique country, elle leur parlait aux tripes, au ventre, à l'âme.
L'aventure de la musique, le chemin (bressonien si tu veux) qui mène à elle, ce chemin brocailleux et sublime c'est ce qu'on a appelé un jour "cinéphilie".
une chanson, c'est un film qui t'attend qq part dans le noir, et qui n'a pas peur de te regarder droit dans les yeux.
PS. les rocK critiques n'écoutent jamais de musique, ils n'en ont pas le temps, ils font un métier d'apparat, d'apparence, pas le temps de partir à la recherche des apparitions.
PS2. Tu peux commencer par PICTURES AND PAINTINGS, le dernier CHARLIE RICH, produit par GURALNICK...
où et comment trouver des disques country, sachant que merle haggard et willie nelson en sont, l'un et l'autre, à plus de 200 CD, et que ça commence à être intéressant dès les années 20.

orphée a dit…

Merci de me montrer la voie louis, charlie rich je connais un peu, "pictures and paintings" est en effet sublime, mais dans mon souvenir le disque me semblait plus jazzy que country, je vais le réécouter. Sinon la voix de charlie rich, évidemment, c’est un bel exemple de ce que tu dis sur l’indistinction entre blanc et noir. En revanche, si je dois partir de "pictures..." pour remonter jusqu’à emmett miller il va me falloir le restant de ma vie, et encore...

Tu dis: "la cinéphilie a été la recherche des films dans des mauvais lieux, les salles de cinéma pourries des bordels du monde postcivilisé, sans recherche elle n'est rien."
Explique-moi: est-ce que tu veux dire que l'essentiel est la RECHERCHE des films plus que les films eux-mêmes, ou que cette recherche ne s'est pas faite au BON ENDROIT,c'est-à-dire en dehors du cinéma, dans la MUSIQUE donc?

skorecki a dit…

maintenant qu'on est enfin débarassé de roland, voici un ou deux éléments de réponse:
la cinéphile des années 60, la seule que j'aie jamais connue, était la recherche des films, c'est tout, et comme il n'y avait, ni extraits de films, ni fiches, ni dictionnaire,cette recherche se faisait FORCEMENT dans des mauvais lieux, avec ces VF qui sentaient le foutre et la pisse et sans lesquelles BIETTE (l'homme ou son cinéma) n'existerait pas.
Il y avait deux cinéastes, pas plus: bergman et fellini, le reste était considéré comme une perte de temps.
Du temps j'en ai perdu et je ne le regrette pas (contrairement à daney qui est mort de ne pas admettre que le temps "perdu" se regagne ailleurs ou autrement), et c'est ce temps perdu -volontiers perdu- qui structure depuis tout ce que je suis, ce que je ressens, ce que je pense.
Je suis hors du cinéma car un certain cinéma a foutu le camp, ce qui m'a réconcilé avec la musique qui, elle, ne m'a jamais déçu.
Ces idées sont simples pour quelqu'un comme moi qui a eu la vie qu'il a eue, qu'il a choisi d'avoir, depuis 1958 aux côtés d'Elvis jusqu'à C3 et C4, en passant par Walsh (1963), McCarey (1964), ou encore Dylan (sessions de HIGHWAY 61 REVISITED).
Elles sont simples, elles ont même fini par s'exprimer dez manière de plus en plus concise (les films sont mauvcais depuis que les spectateurs sont mauvais) , mais demandez à deux ou trois générations de crétins de comprendre des mots si simples, et ils vous regarderont comme des couillons puisqu'ils le sont, couillons, et jusqu'au fion.

orphée a dit…

le couillon te remercie, il a enfin compris.
Mais tu sais louis, si je te fais mettre les points sur i, c’est que je ne connais rien de toi, juste tes chroniques dans libé, qui plus est les dernières, pas les meilleures tu le dis toi-même, où l’on ne savait jamais si c’était du lard ou du cochon. Eh bien là, tu vois, en l’espace de deux ou trois commentaires, j’en ai appris plus sur toi qu’à travers tout ce que j’avais lu jusqu’à présent. C’est ça l’avantage du blog, c’est aussi son danger, danger délicieux au demeurant, on se dévoile beaucoup plus que dans les textes que l’on pond pour un canard. Tout ça ne durera peut-être pas longtemps, mais peu importe, tu nous auras dit l’essentiel.
PS. Je crois que daney aurait certainement aimé lui aussi avoir son blog. D’ailleurs ses derniers livres "perséverance" et "l’exercice...", c’était des blogs avant l’heure, non?

skorecki a dit…

la "cinéphilie" ne m'a jamais intéressé que comme aventure dérisoire, au jour le jour, de quelque chose de plus dérisoire encore, pour l'idiot que j'étais -du bruit, de la fureur, du mal vu, du flou, du flux.
elle ne portait pas de nom, c'est dire, comme ne portent toujours pas de nom certains des artistes d'usine (heisler, ludwig) qui n'ont pas eu la chance d'avoir été découverts au grand jour comme le fils Tourneur.
Heisler, Ludwig, je loes ai vus au moment où il fallait les voir: de leur vivant, comme j'ai vu Keaton, Dwan, Tourneur, Walsh, Sirk, McCarey, Hawks et quelques autres.

Juste rappeler qu'Edward Ludwig (qui avait signé le film que John Wayne préfèrait, LE REVEIL DE LA SORCIERE ROUGE) avait dû demander à ses employeurs d'alors, ses patrons de l'usine ALLIED ARTISTS,la permission de me donner une interview.

Le cinéma n'était pas grand chose, disons alors avec les mêmes mots qu'il n'est plus rien de ce qu'il a été.

Ma grande fierté: avoir en en une trentaine de minutes, avec Cinéphiles 3, réinstallé de la légèreté dans le cinéma, ce qui n'était même pas à mon programme (j'aurais trouvé ça extravagant ou présomptueux de penser que j'y arriverais).

orphée a dit…

C’est drôle louis, je suis là en train de te lire, tu parles de ludwig (dont je ne connais aucun film) et d’heisler (dont je ne connais que "tulsa" -je me rappelle seulement l’incendie des puits de pétrole), et en même temps, je regarde à la télé "la bataille de marathon" de tourneur, film mineur mais dont il se dégage une évidente poésie (les séquences sous-marines ).

Dans le fond, je me demande si t’as pas connu trop de choses trop jeune. Même truffaut, il a rien vécu avant 22 ans. Toi et daney vous aviez quoi?, à peine 20 ans, et vous partiez déjà aux USA - rivette en parle je crois comme d’un grand trip -rencontrer les plus grands cinéastes américains(à part ford il manque personne). Et si tu rajoutes elvis et dylan... il reste plus grand-chose après.

skorecki a dit…

marre de dire et redire la même chose: le voyage aux usa à 20 ans, c'est moi,pas daney qui ne m'a suivi qu'en 64, c'était déjà mon second été à hollywood, et daney parlait à peine anglais, c'est même dans le livre de debaecque, pourtant pas un skoreckiphile acharné...
à 19 ans, c'était VISAGES DU CINEMA dont j'étais rédac chef et éditeur, mais enfin tout ça c'est du vieux, rien que du vieux, pense à rimbaud, coco...
et puis ces rencontres précoces ne m'ont rien appris, j'ai mis trente ans à comprendre ce qui ne s'était pas passé là bas , à comprendre qu'en 63, c'était déjà un cimetière...
pour dire les choses plus frontalement, j'avais de l'énergie à revendre, à défaut d'idées et puis entre 1967 et 1997, j'ai passé trente ans de ma vie à ralentir, je ne m'en rends compte que maintenant, en fait je suis passé de la vitesse à la lenteur, aujourd'hui je fais les deux, comme toute voiture qui se respecte.

orphée a dit…

Bon oui d’accord, t’es parti avant, t’es reparti après, avec ou sans daney peu importe, tu étais à 20 ans aux usa à rencontrer les plus grands sans te rendre compte (encore heureux) que c’était déjà la fin. T’as perdu ton temps mais tu ne le regrettes pas. Tout ça tu l’as déjà dit mille fois, ok, je savais pas (de baecque n’est pas ma bible). En fait c’est pas ça qui m’intéresse, ni que tu me parles de rimbaud. Ce que je demandais c’était : quand on a 20 ans et qu’on vit comme toi des trucs que d’autres n’oseraient même pas rêver, ça laisse forcément des traces. Lesquelles? bah finalement t’as répondu: trente ans au ralenti.

Allez, c'est promis, je t’emmerderai plus avec cette période (la pizza avait un goût de réchauffé), je vais écouter ton willie nelson.

skorecki a dit…

non , tu m'emmerdes pas orphée, ça m'aide de toute façon à clarifier, même pour moi: partir à hollywood à 20 ans, ce n'était pas un privilège, c'était une connerie culturelle sans avenir, comme quand je métourdissais de SF (zelazny) et d'illustrés (on ne disait pas BD, c'était ede la littérature pour chiottes, c'est tout), plutôt que de travailler à devenir adulte.

partir voir des inconnus qui N'AVAIENT JAMAIS ETE INTERVIEWES DE LEUR VIE, c'était de l'ordre de la fuite devant la vie: quel avenir pour cette illusion, hein?

La différence entre moi et ceux qui n'ont jamais pensé qu'ils pouvaient partir, c'est que j'avais moins peur.
De quoi? Moins peur du ridicule peut-être. Moins peur du rêve, moins peur de ce que le rêve sait générer de courage dans le réel.
Et puis j'avais été membre de la BANDE REBELLE DE JULIEN LACROIX, fallait pas me marcher sur les pieds.
J'ai encore du courage, ça je le sais, et à LIBE je l'ai assez prouvé (et monsieur de Z. peut bien raconter tous les mensonges prétentieux sur lui et moi, je m'en fous, qu'il se suce la bite s'il est assez souple, c'est tout ce à quoi il est bon de toute façon).
Tout ça pour dire que tu "culturalise" trop, il n'y avait rien de culturel dans ma découverte de l'Amérique, sauf qu'elle faisait partie de mon rêve à moi, et pas de celui des autres.

orphée a dit…

Je ne "culturalise" pas tant que ça. Ce qui me fascine dans ton parcours, c’est pas le rêve de l’Amérique, qui était commun j’imagine à beuacoup de jeunes de ton âge, c’est pas non plus le fait que tu l’aies réalisé, même si c’était comme tu dis une connerie sans avenir – au passage, tout ce qu’on fait à cet âge ne se doit-il pas d’être sans avenir? travailler à devenir adulte quand on a 20 ans, moi ça me foutrait les jetons.
Non ce qui me fascine c’est la déclinaison du parcours– la cinéphilie vécue jusqu’à son extrême limite :les clans, les listes, la course aux films, et puis la rencontre avec tous ces cinéastes non reconnus comme tels à l’époque. Et que cela coïncide avec le passage à l’âge adulte en fait une cinéphilie très particulière, la tienne en fait, qui était forcément appelée à disparaître. C’est ça qui complique les choses, le fait que ce qui ne devait être que TA cinéphilie soit devenue pour toute une génération l’incarnation même de LA cinéphilie avec le côté mythique que cela sous-entend, que tu le veuilles ou non.
PS. La bande rebelle de Julien Lacroix, jamais entendu parlé, c’était quoi, un groupe de rock?

skorecki a dit…

La BRJL était un groupe de loubards, des vrais, les premiers blousons noirs.
Travailler à devenir adulte me fout les jetons MEME MAINENANT, si tu vois ce que je veux dire.
Ce que je veux dire, moi, et J'INSISTE, c'est que ces crétins d'américains, cinéastes (scorsese, coppola)ou non (rosenbaum, sarris) n'ont cessé de répéter comme des perroquets ce que nous, on proclamait très haut dès 1961/62, à savoir que le cinéma d'usine hollywoodien valait mille fois mieux que les merdes européennes qui se faisaient au même moment (pour un mizoguchi ou un bresson, combien d'impostures?).
Le génie américain est si dur à déchiffrer que même nous -cinéphiles avancés- on est passés pendant des années sans même le voir à côté du plus grand: JOHN FORD, dont Steamboat Round the Bend vaut presque le violon virginien (ou virginal) de BUTCH CAGE.
A-t-on inventé le monde sans le savoir? Avous de voir, à vous de dire. Moi, je sais mais je ne dirais rien.

Griffe a dit…

"ces crétins d'américains, cinéastes (scorsese, coppola) ou non (rosenbaum, sarris) n'ont cessé de répéter comme des perroquets ce que nous, on proclamait très haut dès 1961/62, à savoir que..."

Oui! Oui! Oui! Mais la nullité des Eastwood, Scorsese, Coppola, Spielberg, comparés aux Ford, McCarey, Sirk, Hawks, n'a pas crevé assez d'yeux, alors il faudra se répéter.

Je t'avais dédicacé ce texte, Louis ; c'était avant que tu ne t'en prennes stupidement à l'ami Zohiloff :

http://notremusique.blogspot.com/2007/05/rflexions-sur-lauteur.html

orphée a dit…

Hé oh, louis, tes commentaires commencent à ressembler à tes anciennes chroniques. Mais tu as raison sur ford, c’était un type génial, le cinéaste comme l’homme, et je comprends que tu te sois peu à peu rapproché de lui –d’ailleurs on finit toujours par revenir à ford. Les films avec will rogers comptent parmi les plus beaux que le cinéma ait produits, et puis un type qui dit ne pas bouger sa caméra parce que les acteurs sont mieux payés que les techniciens et que c’est donc à eux de se déplacer, c’est merveilleux non?,il y a rien à dire de plus.

à demain

skorecki a dit…

pourquoi rien depuis le 17? Qu'est que le 18 est devenu? John Ford chante-t-il moins bien depuis ce merveilleux clip en italien que je vous ai refilé gratis?
à tout à l'heure.

skorecki a dit…

je suis revenu, et qu'est-ce que je vois?
personne, toujours personne, c'est la fin du monde ou quoi?


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."