three moving versions of to make you feel my love (manchester, 1998/duluth, 1999/delaware, 1999)
also check on youtube the 2001 version by jlnoames/films d'occasion
jeudi 7 janvier 2010
VANNIER (VIE HEROIQUE)
Ironique qu’au moment où tant d’images de Gainsbourg nous submergent, au risque de la nausée, il n’existe presque aucune photo, et aucune vidéo en tout cas, de celui qui fût son double le plus créatif, Jean-Claude Vannier. Arrangeur de Melody Nelson et de tant d’autres succès baroques et ouatés, Vannier a aussi été un compositeur raffiné, un chanteur personnel et délicat, dont on hésite à parler au passé, puiqu’il est bel et bien vivant (il a même publié en 2005 un très joli double album, passé inaperçu, composé de deux CD : En public, relecture avec profusion de cordes de quelques unes de ses chansons les plus connues ; et Fait à la maison, recueil bricolé d’adorables nouvelles mélodies-comptines).
Le problème, c’est que celui qui fit tellement pour le succès international de Gainsbourg, n’est plus représenté depuis dix ans que par des musiques de films et des œuvres orchestrales, jusqu’à la nausée. Même si certains de ces films sont très beaux (ceux de Philippe Garrel), où sont passées ces chansons sentimentales pour piano-bar, un rien alcoolisées, un rien cyniques, qui s’étalent sur six ou sept albums d’un dandy très attachant? Les a-t-il lui-même retirés du commerce, ou ces disques sont-ils passés au pilon ? Qui sait encore aujourd’hui que la chanson qui a fait connaître Michel Jonasz, Supernana, était dans sa VO susurrée par un Vannier de l’ombre, à mille lieues du pathos slave de Jonasz ? Quand on ajoutera que ce mélodiste a souvent fait davantage que simplement arranger les disques sur lesquels il travaillait (Barbara, Gréco, Birkin, Bécaud, Dalida, Nougaro, Polnareff, Bashung, Françoise Hardy, Brigitte Fontaine, France Gall, Claude François, Julien Clerc …), et qu’on a souvent dit qu’il était pour beaucoup dans la composition de chansons signées par d’autres, Melody Nelson en particulier, on en saura un peu plus, mais bizarrement encore moins, sur le très étrange monsieur Vannier, dont la vie héroïque continue de se dérouler très énigmatiquement devant nos yeux (j’ai posté sur youtube et sur mon blog, à titre de documentation, six ou sept de ses très jolies chansons tristes).
Pour épaissir un peu le mythe Vannier, s’attarder sur deux aspects de sa vie : d’abord les ressemblances entre son univers et celui de Gainsbourg, une sorte d’ambiance désaccordée, entre piano-bar et réminiscences d’enfance amère ; et puis cet épisode inattendu de sa vie, qu’il raconte lui-même quelque part : « Je fus condamné « aux arabes », à l’époque où ce n’était pas réellement valorisant (la guerre d’Algérie venait juste de finir) mais moi, j’étais ravi, car j’adorais cette musique. Avec en poche un contrat de danseuse que je n’avais pas lu, griffonné en hâte à la fin d’une séance d’enregistrement, j’ai embarqué pour Alger, pour débuter à l’hôtel Aletty, comme pianiste, à 18 ans. Autodidacte, j’ai abordé la composition avec les musiciens de l’opéra d’Alger, puis en écrivant pour Michel Magne et Alice Dona, puisant mes premiers rudiments d’orchestration dans les "you you" de la Casbah et les manuels de la collection Que sais-je?» Avouez que ça vous donne envie d’écouter chanter Vannier. Au fait, il a 66 ans.
(à paraître dans ROLLING STONE)
jean claude vannier/le coeur qui penche (2005)
Ironique qu’au moment où tant d’images de Gainsbourg nous submergent, au risque de la nausée, il n’existe presque aucune photo, et aucune vidéo en tout cas, de celui qui fût son double le plus créatif, Jean-Claude Vannier. Arrangeur de Melody Nelson et de tant d’autres succès baroques et ouatés, Vannier a aussi été un compositeur raffiné, un chanteur personnel et délicat, dont on hésite à parler au passé, puiqu’il est bel et bien vivant (il a même publié en 2005 un très joli double album, passé inaperçu, composé de deux CD : En public, relecture avec profusion de cordes de quelques unes de ses chansons les plus connues ; et Fait à la maison, recueil bricolé d’adorables nouvelles mélodies-comptines).
Le problème, c’est que celui qui fit tellement pour le succès international de Gainsbourg, n’est plus représenté depuis dix ans que par des musiques de films et des œuvres orchestrales, jusqu’à la nausée. Même si certains de ces films sont très beaux (ceux de Philippe Garrel), où sont passées ces chansons sentimentales pour piano-bar, un rien alcoolisées, un rien cyniques, qui s’étalent sur six ou sept albums d’un dandy très attachant? Les a-t-il lui-même retirés du commerce, ou ces disques sont-ils passés au pilon ? Qui sait encore aujourd’hui que la chanson qui a fait connaître Michel Jonasz, Supernana, était dans sa VO susurrée par un Vannier de l’ombre, à mille lieues du pathos slave de Jonasz ? Quand on ajoutera que ce mélodiste a souvent fait davantage que simplement arranger les disques sur lesquels il travaillait (Barbara, Gréco, Birkin, Bécaud, Dalida, Nougaro, Polnareff, Bashung, Françoise Hardy, Brigitte Fontaine, France Gall, Claude François, Julien Clerc …), et qu’on a souvent dit qu’il était pour beaucoup dans la composition de chansons signées par d’autres, Melody Nelson en particulier, on en saura un peu plus, mais bizarrement encore moins, sur le très étrange monsieur Vannier, dont la vie héroïque continue de se dérouler très énigmatiquement devant nos yeux (j’ai posté sur youtube et sur mon blog, à titre de documentation, six ou sept de ses très jolies chansons tristes).
Pour épaissir un peu le mythe Vannier, s’attarder sur deux aspects de sa vie : d’abord les ressemblances entre son univers et celui de Gainsbourg, une sorte d’ambiance désaccordée, entre piano-bar et réminiscences d’enfance amère ; et puis cet épisode inattendu de sa vie, qu’il raconte lui-même quelque part : « Je fus condamné « aux arabes », à l’époque où ce n’était pas réellement valorisant (la guerre d’Algérie venait juste de finir) mais moi, j’étais ravi, car j’adorais cette musique. Avec en poche un contrat de danseuse que je n’avais pas lu, griffonné en hâte à la fin d’une séance d’enregistrement, j’ai embarqué pour Alger, pour débuter à l’hôtel Aletty, comme pianiste, à 18 ans. Autodidacte, j’ai abordé la composition avec les musiciens de l’opéra d’Alger, puis en écrivant pour Michel Magne et Alice Dona, puisant mes premiers rudiments d’orchestration dans les "you you" de la Casbah et les manuels de la collection Que sais-je?» Avouez que ça vous donne envie d’écouter chanter Vannier. Au fait, il a 66 ans.
(à paraître dans ROLLING STONE)
jean claude vannier/le coeur qui penche (2005)
from guillaume ollendorff ("rouge", 2007)
‘You talkin' about me?’, says a voice? ‘Who are you?’, I ask. ‘I am Ford’, says the voice. ‘Me, I'm Skorecki.’ ‘And your first name?’, asks Ford. ‘Louis’, I say. ‘What do you think of She Wore a Yellow RibbonI love it; it inaugurates the more modern part of your filmography< ‘What is a filmography?’, asks Ford. ‘A list of your works’, I reply. ‘What is a work?’, he asks. ‘A movie worthy of an Old Master’s painting’, I reply. ‘I don't want to be in the museum!’, he protests. ‘Too late. You’re already there.’ Suddenly I hear a watery sound. From the eye of John Ford, that one good eye, runs a tear. ‘Are you crying, master?’, I ask. ‘Fool’, he says, ‘go away.’ guillaume ollendorff (rouge) (2007)
crooner's corner (2)
quelques étapes dans l'invention de la figure familière du crooner, du charmeur le plus énigmatique et le plus stylé, le flegmatique britannique (d'origine grecque) Al Bowlly, en passant par le mythique compositeur/chanteur willard robison, le charmeur blond rudy vallée, le baryton caresseur sans micro, "whispering" jack smith (sans doute le modèle caché de jean sablon), le génie lunaire tellement moderne qu'il en était presque "free", cliff edwards, alias "ukulele" ike, le génie foudroyé, russ columbo ... et le modèle absolu de tous les crooners à venir, l'immense bing crosby
al bowlly/the very thought of you (glorious great britain and its colonies)
willard robison 1./who do you love?/g. string melody (1927)
willard robison 2./garden in the rain/blue hawaï (1929)
rudy vallée/i'm just a vagabond lover (1929)
"whispering" jack smith/come on happy days (1929)
cliff edwards (ukulele ike)/i'll see you in my dreams (1930)
russ columbo/goodnight sweetheart (1931)
bing crosby (deux court métrages de mack sennett)/just one more chance, i surrender dear (1932)
POST SCRIPTUM (HOLLYWOOD, 1944)
hoagy carmichael/am i blue (1944)
al bowlly/the very thought of you (glorious great britain and its colonies)
willard robison 1./who do you love?/g. string melody (1927)
willard robison 2./garden in the rain/blue hawaï (1929)
rudy vallée/i'm just a vagabond lover (1929)
"whispering" jack smith/come on happy days (1929)
cliff edwards (ukulele ike)/i'll see you in my dreams (1930)
russ columbo/goodnight sweetheart (1931)
bing crosby (deux court métrages de mack sennett)/just one more chance, i surrender dear (1932)
POST SCRIPTUM (HOLLYWOOD, 1944)
hoagy carmichael/am i blue (1944)
(à suivre: fred astaire, gene austin, jimmie rodgers, lee morse, lee wiley, billie holiday, peggy lee, frank sinatra, dick haymes, dean martin, johnny hartman, nat king cole, ....)
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