mardi 19 octobre 2010
future islands/little dreamer (an english don van vliet, as you say)
please compare with the real don van vliet/white jam
http://www.musicme.com/Captain-Beefheart/albums/The-Spotlight-Kid---Clear-Spot-0075992624923.html?play=02
la country est douce, lyrique, si peu prétentieuse (4)
floyd tillman (1949)/willie nelson (2008)
floyd tillman/willie nelson & beck /drivin' nails in my coffin
floyd tillman, a great forgotten country stylist (as important as hank williams and lefty frizzell) was the greatest influence ever on willie nelson ... floyd listened to django, and invented a lazy way to sing, sort out of tempo ... willie nelson did exactly the same, including the bending of the notes, and admitted that floyd tillman was his one and only master
la country est douce, lyrique, si peu prétentieuse (5)... ... elle peut même être noire (2)
set me free/curley putman (original version)
set me free//charlie rich (best white version)/joe tex (best black version, a forgotten masterpiece)
deFord bailey, first negro on grand ole opry/pan american blues (1926/1967)
hank williams/ray charles/your cheatin' heart
BONUS R.I.P/SOLOMON BURKE/THE KING OF COUNTRY SOUL
i can't stop loving you (baden baden, 1987)
petit et grand gnawa/nino nino joue du gimbri (2010) / si mohammed bel hassan el sudani (1985)
nino nino s'exerce au sintir, le gimbri gnawa
le dernier des grands gnawas, si mohammed bel hassan el sudani (1985, jmaa el fna), joue kakani bulila ... .... l'autre version
lundi 18 octobre 2010
bob dylan/tangled up in blue ... ... ou le retour du white minstrel (renaldo & clara, 1974)/and dylan's version of yesterday (nashville, 1969)
bob dylan/tangled up in blue ... ... ou le retour du white minstrel (renaldo and clara, un grand film oublié, 1974)
bob dylan's version of the beatles's yesterday (17/2/69, nashville)
jean luc-godard/une femme est une femme (1961)
anna karina, la plus belle invention (avec jp léaud) de jl godard
miles davis/dark magus, live (1974)
là où jimi hendrix n'a jamais été: fureur, électricité, modernité ...
jimi hendrix's most lyrical moment/little wing (olympia, paris, 1968)
miles davis/calypso frelimo (images rares, filmées à montreux, 1973)
MAD MEN ou LA PRéVISION DU PASSé
Quelques mois avant que ne démarre Mad Men, un homme est kidnappé en public. Il s’appelle Roger Thornhill. On le connaît mieux sous son nom d’acteur, Cary Grant. Si tout le monde joue aux correspondances entre Hitchcock et Mad Men, les plus cinéphiles remarquent surtout à quel point Don Draper est le sosie calculé de Cary Grant. Tout le monde semble avoir oublié que, dans la Mort aux trousses, il joue… un publicitaire. Un Madison man comme Don Draper, un mad man. Drôle d’oubli.
Je n’arrive pas à décrocher de Mad Men. Je ne suis pas le seul, mais je dois être l’un des rares à ne pas aimer cette série tout en ne pouvant pas m’en passer. Question de fond, d’authenticité. Un personnage usé par la vie n’est pas forcément authentique. Il n’est pas forcément authentifié par sa souffrance. Dans Mad Men, les secrets de Don Draper, le long suspens qui prépare le spectateur à les recevoir un par un comme autant de délicieuses gifles d’amour, serait plutôt à verser du côté de l’effet vintage, le seul qui compte ici : aimer, souffrir, vieillir, autant d’effets d’usure du visage et du corps du héros -comme on le dit d’une vieille veste en cuir qui s’use jusqu’à acquérir cette patine qui plaît tant, cette patine vintage.
En fait, Mad Men est la première série télé qui consacre la victoire de la télévision en tant qu’art, sa victoire sur le cinéma.
La télévision a gagné, elle s’est substituée mine de rien au cinéma. Cela aura pris une vingtaine d’années, même si cette lente bataille a commencé bien plus tôt, il y a 55 ans exactement, avec les premiers épisodes noir et blanc d’Alfred Hitchcock présente.
A la télé, c’est lui le patron. Le patron dans tous les sens : la bible de Mad Men, le patron sur lequel la série est cousue, ce sont ses films ... ... ...
(A Suivre/
la totalité de cet article paraîtra en janvier 2011 dans GQ.)
PS. dans le numéro de GQ de janvier 2011, on trouvera aussi un article sur Dr House
bob dylan/i don't believe you/1966
1966: les plus belles chansons, les plus belles images (drogues, fatigue, maigreur extrême, génie mélodique, fureur poétique)
bob dylan/i don't believe you (she acts like we never have met)/original version/from another side of bob dylan (1964)/1966 version starts at 2.15
thomas feiner & anywhen/dinah and the beautiful blue
scott walker revisited/a lot of chichis ... and a lot of magic at the same time... c'est le second extrait de the opiates revised que je poste, le disque est une merveille
future islands/little dreamer
peggy lee/there'll be another spring
with george shearing, classic version of peggy lee's most famous composition
ever so slow ... from her last record, one of her final masterpieces
pour en finir avec la politique des auteurs
pour en finir une fois pour toutes avec la politique des auteurs
le cinéma, contrairement à ce qu'on croit en général, tend tout entier vers l'anonymat ... c'est là son stade ultime, son lieu idéal, sa perfection ... la photo, plus encore, est l'endroit où tout doit tendre vers la transparence et l'anonymat, comme dans de vieilles cartes postales ou des photos trouvées dans une poubelle ... de tout ça, voici la preuve en images: le plus beau du cinéma classique (ford, mizoguchi), le plus beau de la photo (helen levitt), le plus beau tout court (charlie chaplin, quelques mois avant qu'il ne devienne charlot) et un film oublié, anonyme, signé à trois (james agee, helen levitt, janice loeb), en hommage évident à walker evans et charlie chaplin ... ...
(A SUIVRE)
james agee/helen levit/janice loeb/in the street (1948)/first part
helen levitt/photographies noir et blanc .. .. et couleur
charlie chaplin's first film (1914) ... before charlot's invention
mizoguchi kenji/élégie d'osaka (1936)
john ford/judge priest (1934)
james agee/helen levitt/janice lobe/in the street (second part)
en souvenir de james agee (le meilleur critique de cinéma de l'ère classique), helen levitt, walker evans (le meilleur de la photographie), john ford, kenji mizoguchi (le meilleur du cinéma) ... et charlot (le meilleur ... )
réfléchir sur la musique ne sert à rien ... .... il suffit d'écouter, c'est tout ... ...
au hasard, ou presque: darby & tarlton (little ola)/beatles/here comes the sun
à la différence de la photographie, du cinéma, de la télévision, autant de formes d'expression qui s'accomodent très bien d'hypothèses théoriques, de paris risqués, de contre-hypothèses (comme la critique radicale de la politique des auteurs), la musique populaire s'échaffaude à l'écoute, disque après disque, chanson après chanson ... c'est une histoire, une généalogie, une architecture -en aucun cas une matière à théoriser ... ... ... aimer, écouter, écouter encore, de la manière la plus hasardeuse, la plus aléatoire possible ... ... laisser filer le silence ... .... réécouter: seul le plaisir, seule la sensation immédiate importent .. ...
les mélodies se suivent, se catapultent, se ressemblent: on réfléchit sans même le vouloir, on découvre des pistes sans même les chercher .... dylan a-t-il trouvé telle mélodie dans un vieux morceau de jazz de 1928, ou dans son adaptation country, presque aussi vieille?
where does bob dylan's blind willie mc tell come from?/earliest dylan's electric version (1983)/louis armstrong's st james infirmary(1928)/also check prairie lullaby jimmie rodgers' country version (1930)
... ... plus on écoute des chansons, plus les repères vacillent: blanc ou noir? blues ou country? vaudeville ou music hall? ... ... plus les repères vacillent, plus la sensation se dénude, plus on repère sans même y réfléchir toutes les erreurs répétées depuis un siècle et demi par les spécialistes (ceux qui n'ont pas, qui n'ont plus le temps d'écouter de la musique) , et plus la connaissance (acumulative, généalogique, historique ...) devient consistante, réelle ... ainsi du phénomène très étrange des black minstrels, pas seulement ces blancs du sud grimés grossièrement en noirs, mais plus étrange encore, ces noirs grimés ... en noirs ... ... ... poésie désuète, expressionisme primitif, racisme désamorcé ... où est-on? et quel rapport entre bert williams, le premier black minstrel noir dont on peut encore écouter les disques, le premier à avoir enregistré (vers 1895) ... et le jeune louis armstrong qui s'est aussi essayé à cette carricature de noir (et parfois, en même temps, de jeune et joli travesti)
bert williams (1917)/louis armstrong (1930)
ah oui, j'oubliais: écouter si ça vient ... écouter si l'envie est là ... sinon arrêter ... arrêter le disque ... arrêter la musique ...
... ou chercher ailleurs, plus loin, dans les ragas minimalistes et rauques des frères dagar, une dynastie de chanteurs qui remonte au XVème siècle ... ou dans les chants religieux d'un berbère aveugle, le très grand rais hadj omar ouahrouch ... ou dans la plus grande voix du monde arabe, celle du très regretté nazem el ghazali, encore vénéré en égypte, au koweït, en irak (son pays) ...
nazem el ghazali/les 45 dernières secondes sont inoubliables
.. .. .. écouter si l'envie est là ... sinon arrêter ... arrêter le disque ... arrêter la musique ... je ne connais que la country (que j'ai détestée pendant plus de trente ans) que je puisse écouter à tout moment, même si aucune autre musique ne réussit à passer mes oreilles ... la country est douce, lyrique, et si peu prétentieuse ... elle est universelle, non?
blaze foley's original version of if i could only fly/merle haggard's interpretation
ne pas oublier averty, chris carter, jean richard, david e.kelley, josy eisenberg .. ... ... c'est le moins qu'on puisse faire...
ce ne sont pas les séries qui sont importantes, en tout cas pas tant que ça, mais par exemple, pour la france, un génie méconnu, torturé, bafoué, humilié, oublié, comme jean-christophe averty, dont rien, même pas les variétés filmées, le merveilleusement kitsch dalida idéale,
les shows de grands crooners (montand, sablon, salvador), les directs somptueux d'antibes, les dadaïsteries ... ne s'est jamais exporté ... d'averty, hors de france, rien n'existe ... ... comme par ailleurs, la télé ne fonctionne qu'à l'oubli (c'est sa nature profonde), même en france, où on l' empêche de travailler depuis vingt ans, il n'existe plus ... ... cet homme de télé, qui vaut vingt godard, n'existe plus ... ni lui, ni ses chansons, ni son jazz, ni ses images, n'existent plus ...
à part une belle compilation de chansons d'yves montand, filmées plus classiquement qu'il n'est possible de l'imaginer par averty (une compil qui a disparu de youtube deux jours après que je l'eut collée ici -ceux qui ont regardé vite ont vu toute la beauté de ce crooner français oublié, montand, et du respect d'averty pour lui), et à part ces malicieux raisins verts que je glisse ici, en douce (et des extraits de dvd/melody nelson/dalida idéale)- à part ça, il n'y a rien, rien, rien ...
notez que chris carter, considéré à l'apparition d'x files comme le nouveau hitchcock, a disparu du paysage télé dès l'échec de sa seconde série, millenium (une merveille méconnue de délire psychotique) ... regardez en vite fait quelques minutes du pilote pour vous en fairee une idée ... une idée avant la poubelle, avant l'oubli
ça va plus vite encore qu'au temps des chefs d'oeuvre jetables du grand cinéma classique ... .... j'ai vu mc carey à la cantine du studio, en 1964, accompagné d'un jeune executive qui m'a dit à l'oreille: on lui laisse un bureau, il nous a quand même fait gagner beaucoup d'argent, mais il ne tournera plus jamais ... ... avoir réalisé les plus gros succès du box office (les films chantants du curé bing crosby, sans oublier elle et lui et tant d'autres merveilles) ne lui servait à rien -deux échecs, et sa carrière était finie ... ... c'est plus rapide encore à la télé, et la disparition de chris carter (assortie de l'amnésie associée à son nom: il a aussi disparu des mémoires) le prouve de manière absurde et atroce ....
je pense à toi aussi, formidable jean richard, merveilleux vaudevillien français dont le corps et les jambes sont l'adn du music hall ... toi qui a égalé harry baur et pierre renoir dans la seule interprétation possible de maigret ... à moitié paralysé, tu es même devenu le seul maigret envisageable: à la fois bavard et muet, intelligent et physique, cérébral et corporel, sosie étrange et inattendu de la créature impossible de simenon ... quand il fait gris, jean richard, tu es le soleil de mes jours ... ...
je ne t'oublie pas, david, mon david e. kelley chéri ... celui qui a eu, au moins autant que chris carter, le télé-monde dans ses mains pendant plusieurs années avec des succès prodigieux en forme de feuilletons d'amour surréalistes et populaires .. ... rappelez-vous la grâce étrange des créatures d'ally mc beal, dont on s'est peut-être lassé ... sauf qu'on ne se lasse jamais tout à fait de l'amour pour des êtres difformes, inadaptés, psychotiques ... ou pour des crapauds d'un vert décidément trop vif ... rappelez vous the practice, ce pré-mad men d'une intelligence trop douce, trop fordienne pour une époque pas encore prête à tant de ciné-raffinements .. ... rappelez vous surtout des deux feuilletons bunueliens qui bouclent provisoirement un parcours sans faute: boston public (madame crochet au lycée), boston justice (star trek obèse chez les avocats) .. ... surtout ne jamais oublier que l'invention de kelley (qui suit de près celle du bochco de NYPD Blue), à savoir l'éclatement d'une série en myriades de personnages tout aussi importants les uns que les autres ... a été raflée, intellectualisée, par les petits malins de the wire à force d'effets de docu-fiction sordides ... ... mais où est passé l'enchantement kelleyien du monde? où sont passées ses fééries quotidiennes en forme de feuilletons dadas?
je n'oublie ni l'attraction désespérée qu'exerçait sur moi aujourd'hui madame, et l'amour que j'éprouvais chaque jour pour les gens qui venaient m'y parler, à moi, en direct, ni tel chef d'oeuvre oublié de lire, c'est vivre de dumayet, surtout telle émission fabuleuse de culture et d'intelligence, consacrée au gog et magog de martin buber ... et je regarde encore le dimanche matin l'émission juive, tellement raffinée, du rabbin josy eisenberg (islam, qui précède, est souvent d'une rigidité et d'une lourdeur insupportables)... .... et l'émission orthodoxe des chrétiens orientaux, tellement belle et inattendue ...
je n'oublie pas que j'ai commencé à écrire sur aujourd'hui madame ou ces émissions religieuses du dimanche matin il y a plus de trente ans dans les cahiers du cinéma où j'avais imposé qu'on parle des films à la télévision, ce qui ne s'était JAMAIS fait ... ... l'ami biette et l'ami daney, comprenant la liberté de ton qu'on gagnait à s'éloigner du cinéma/cinéma, vinrent vite m'y rejoindre ... ....
je n'oublie pas que c'est lefort (et pas daney ... comprenne qui pourra) qui m'invita à devenir pigiste à libération avec cette même chronique sur les petits formats, les émissions délaissées, inattendues, comme celle de l'après-midi ou du dimanche matin ...
jean-christophe averty, chris carter, jean richard, david e. kelley, josy eisenberg, pierre dumayet, je vous aime, je pense à vous ... ...