orson welles et son plus vieil ami, micheál macliammóir (othello)
le film d'alain cavalier n'a qu'un équivalent au cinema: filming othello, le plus welles, un film oublié en forme de testament minuscule, bricolé à partir de ses dialogues d'ivrognes shakespeariens avec micheál macliammóir(1899-1978), l'un de ses plus anciens amis, celui qui joue iago dans l'othello original..
ils parlent, ils boivent, ils mangent, et ils "théorisent" chemin faisant ce qui reste de la vie (et du cinéma); pas grand chose apparemment, mais ce "quelque chose" est sacrément vivant dans les yeux du vieux welles ...
orson welles inventait en direct, sans en avoir l'air, un art absolu de la mise en scène .... une manière de dire comme çà, en passant: regardez le magicien que je suis, plus fort que tout hollywood, je vous colle deux ou trois morceaux de plans, tournés à six ou neuf mois de distance, dans deux pays différents, en prenant pour suture, pour raccord, une simple bouteille de vin .. "
il y a dans pater (ce filming lindon rigolo, politique, bavard, gourmand, dont le programme minimal est d'éviter -tout en le suscitant- que la langue de l'acteur lindon ne fourche) et surtout dans la dernière séquence, une scène deux fois filmée, la seconde fois en champ contre champ, une rigueur de moine même pas défroqué .... c'est l'anti-roi bégue, en somme ...
cette virtuosité modeste, bricolée, de pater est la seule leçon de cinéma qui me fasse venir les larmes aux yeux, car il s'agit d'un art, d'usine évidemment, qui n'existe plus ...If we do meet again, why we shall smile/If not, why then this parting was well made (brutus à cassius dans jules césar .... c'était la citation shakespearienne favorite de l'ami daney)
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