le dernier spectateur
1. dire d'abord que j'ai eu tort de regretter trop longtemps ces salles de cinéma hautes en couleur de mon enfance, où les spectateurs se disputaient, souvent bruyamment, à longueur de séances... ... .... je croyais que ce qui avait disparu du cinéma, c'était ce côté hétéroclite, mélangé socialement, du public.... ..... j'avais évidemment tort, le cinéma -art populaire, art d'usine- n'a jamais été fréquenté que par les pauvres gens, il était méprisé par les intellectuels et les bourgeois.... ... ... ... c'est ce cinéma que j'aimais, c'est ce cinéma que j'aime encore.
2. dire ensuite (c'est important) qu'après une courte période intermédiaire où le populo et l'intello se sont mélangés dans les salles, le cinéma a fini par ne plus être fréquenté que par ceux qui ont les moyens de se l'offrir, les bourgeois, les petit-bourgeois surtout, ceux qui savent parler des films ... parler et parler encore, sur le trottoir ou la feuille blanche, mais qui ne savent plus se prendre pour les personnages (toi morgan, moi gabin, moi tarzan, toi jane), qui ne savent plus s'identifier aux héros, qui ne savent plus "vivre les films"...
blossom dearie/old tyme movie love affair (films d'occasion prod)
3. dire aussi qu'une fois le spectateur populaire disparu, il ne restait plus au cinéma en tant qu'art d'usine à s'effacer... s'effacer sur la pointe des pieds... celà fait trente ans ou quarante qu'il s'y efforce ...
4. insister sur une chose qu'on a trop tendance à oublier: les spectateurs font les films, ils les défont aussi ... à force de s'être absentés des salles, ils ont conduit le cinéma en tant qu'art d'usine ... à s'absenter de lui-même
5. ... ... .... c'est l'une des raisons pour lesquelles, sans doute, mon désir de faire des films a presque totalement disparu ... pour qui filmer? ... pour qui?
PS. mon ami patrice kirchhofer, cinéaste expérimental qui bricole depuis toujours dans sa cuisine des films pour personne, n 'a pas ce problème ... l'abrutissement du spectateur, son absence, ou même sa mort avérée, ne l'affectent pas ... celà ne modifie en rien son désir de filmer... je l'envie énormément ...
6 commentaires:
Il faudrait dire à Zohilof que les petits bourges et les bobos adorent district 9, comme le le prouvent les éditos des revues de cinéma..
Zohiloff est le plus grand critique de cinéma de ce début de XXIème siècle. Un peu de respect pour lui svp. Surtout quand on voit le tas d'âneries que compte ce texte... Lisez-vous Rancière bon dieu ?
Un peu de Bernhard aussi çà vous ferait pas de mal Skorecki. Zohiloff a raison, comme souvent...
Je rêve!! Le spectateur a bon dos! Ah bon, on ne fabrique des films que pour un spectateur idéal et fantasmé, qui serait à la fois "populo", "intello", discutant, désirant, étudiant chaque image comme dans l'imaginaire bon teint l'ouvrier de 1936 analysait son petit Marx illustré au réveil.
M. Skorecki, quand ça discute dans les salles, après les films, puis chez les uns les autres et jusqu'au petit matin, que ce soit rue Champollion ou à Bobigny, je ne vous vois pas.
Nous regrettons de n'être pas des spectateurs suffisamment séduisants pour que vous ayez encore envie de faire des films. En même temps, quand on voit ceux que vous avez faits, on se dit que c'est dommage mais non plus trop trop grave.
Ce qu'on regrette surtout, c'est que vous ayez arrêté d'écrire (des choses importantes).
Bon courage dans votre quête d'un spectateur "digne de ce nom".... Malheureusement nous ne pourrons vous aider, car nous sommes trop occupés à voir des films et à en parler, avec toute la bêtise que vous nous supposez.
Zohiloff n'est pas un grand critique, c'est simplement quelqu'un qui a une approche personnelle (c'est vrai que ça se fait rare, surtout depuis que Skorecki n'écrit plus sur le cinéma). Quant au populo, je crois qu'entre l'époque de Ford et l'époque de Tarantino, ça ne peut pas être le même. Et Rancière n'en peut mais.
Chers Juliette et Walter, Skorecki, comme vous dites (que ses proches ou moins proches, ont plutôt tendance à appeler Louis, par respect et surtout par amour, si ce mot-là a un sens aussi pour vous), Louis, donc, n'a jamais cessé d'"écrire sur le cinéma". Plus il parle de musique (et je vous jure qu'il y a des pépites à découvrir sur ce blog), plus il parle, en sourdine, du cinéma. Continuez à voir des films et à en parler, mais, s'il vous plaît, n'en parlez pas trop fort.
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