difficile de raconter comment j'ai passé mai 68 -ou plutôt comment mai 68 est passé sur moi ... je n'étais plus lycéen, et même plus étudiant depuis cinq ou six ans, mais je me suis littéralement enflammé, premiers signes d'exaltation précoce (ou de psychose bipolaire si l'on préfère) ... disons que l'essentiel, pour le sujet skorecki, fût d'apprendre, à ses dépens, sur son corps même, l'addiction extrême des cinéphiles aux images ... j'ai eu le malheur, un jour de mai, vers la fin du mois, au ciné-club universitaire où s'éteignaient dans le noir de la salle les dernières vélléités de révolte pré-situationniste, d'essayer d'entraîner avec moi les quelques spectateurs présents sur le lieu des derniers combats, c'est à dire dehors, dans la rue ... sans penser un seul instant que je les privais de leur film, de leurs images .... j'ai reçu à même le corps la preuve (des coups très violents) de l'addiction extrême du spectateur -n'importe quel spectateur- aux images qu'il est en train de regarder ...
hendrix sings dylan in a hotel room (tears of rage, 03/1968)
... c'est ingmar bergman, un cinéaste que j'ai cessé d'aimer à 17 ans, qui a la plus belle formule que je connaisse sur le cinéma (piquée à un nobel nordique): "le cinéma, c'est le refuge des poltrons devant la vie"
1 commentaire:
Le cinéma comme refuge, c'est très vrai. Après la guerre. A "Treich' la Grande" pour les dockers prolos "agents fédéraux" des années 60. Les jeux vidéos aujourd'hui ont le même statut. Fuir la réalité de la vie quand c'est trop dur est humain. On le fait toutes les nuits. "Moi, j'aime que les lâches..." a osé quelqu'un un jour à la télé.
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