lundi 26 décembre 2011

le vaudeville est-il français?


dernière séance (pascal cervo/laurent achard, 2011), peut-être l'apparition d'une forme nouvelle et radicale de vaudeville

le vaudeville désigne à l'origine
une forme de chanson française (une "voix de ville"), qui apparaît vers 1500, est admiré par boileau deux siècles plus tard (d’un trait de ce poème en bons mots si fertile/le français, né malin, forma le vaudeville/agréable indiscret, qui, conduit par le chant/passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant), et trouve la gloire boulevardière avec feydeau à la fin du 19ème siècle ...
... mais ce qui m'intéresse surtout , c'est le vaudeville américain, une extension débridée de music hall, qui commence à se répandre vers 1880, et qui comprend des numéros de burlesque, des tentatives de travestissements comiques, sexuels, ou raciaux (spectacles de blancs imitant des noirs, sous forme de blackface ou black minstrels), des string bands ... ... ...

emmett miller/version originale de lovesick blues (1929), reprise par hank williams ..
i am the devil/mississippi sheiks, le plus grand string band, 1930 (dessins de crumb)

... on y trouve aussi du jazz
new orleans, de la danse du ventre (souvent obscène), du western swing, des valses d'immigrants tchèques ou cajun, du hillbilly et de la country primitive, avec yodels, du cirque rudimentaire, des exhibitions d'animaux, des chansons provocantes, , des monstres de foire, des medicine shows (ventes d'élixir miracle par de faux docteurs), des chansons en yiddish, des numéros de cabaret ... .... .... ...
l'utilisation du mot français vaudeville donnait à ces exhibitions itinérantes un faux air de sophistication, un côté un peu "progressiste" .... certains préféraient pourtant nommer ces spectacles "variety, pour éviter un côté "sissy" (pédé mondain)... c'est pourquoi le vaudeville a été désigné sous l'appellation de "variety" jusque dans les années 1920/1930 .... .... le genre a évidemment vite gagné hollywood et l'art d'usine du cinéma parlant, comique, chanté, dansé ... ... le vaudeville s'est naturellement éteint avec la télévision à la fin des années cinquante, tout en continuant d'imprégner tout le show biz américain ...

2 commentaires:

C. Barbet a dit…

« le genre a évidemment vite gagné hollywood et l'art d'usine du cinéma parlant »
Et muet ?
Le vaudeville est indissociable du cinéma américain naissant : avant que les Lumière n’inventent le cinéma, les employés de Thomas Edison filmaient des numéros de Vaudeville pour alimenter les Kinetoscopes.
http://memory.loc.gov/cgi-bin/query/r?ammem/papr:@filreq%28+@FIELD%28SUBJ+@band%28+Vaudeville++United+States++%29%29+@field%28COLLID+edison%29%29

C’est à la Keystone, chez Mack Sennett (artiste de Vaudeville), que c’est imposé à Hollywood la nécessité du modèle industriel de la division des postes de travail dans la conception des films. Il faut regarder Backstage où Fatty Arbuckle, Buster Keaton et Al St John (artistes de Vaudeville) reconstituent le Vaudeville, ses coulisses, la scène et sa salle.
http://www.youtube.com/watch?v=wnsLWlTPtno

Buster Keaton qui fait si bien le Black Face parce qu’il en a côtoyé tant durant son enfance et son adolescence passées dans les Medecine Shows. Buster Keaton qui reproduit au cinéma avec son père les numéros qu’ils exécutaient sur scène. Keaton qui a apprit à faire réagir un public sur scène, à force d’être propulsé dedans.

C’est Blanckton, sans doute le premier à avoir fait bouger des dessins aux États-Unis, et qui reprend son numéro de Vaudeville pour les caméras d’Edison encore.
http://www.youtube.com/watch?v=wUgoY9eW3Wc

C’est Windsor McCay (artiste de Vaudeville contrarié par Hearts) et son dinosaure animé qu’il exhibe sur scène.
http://www.youtube.com/watch?v=mnuhP2URCoo
http://www.youtube.com/watch?v=ixK1DffOsbE

C’est une industrie du divertissement nouvelle qui reprend ce qui a fait la fortune de celle du passé. Avant que la diffusion de la radio ne la force à tout réévaluer. Un divertissement d’usine muet de naissance que l’on a forcé à parler parce que ça faisait mieux : il s’en passait à merveille.

skorecki a dit…

merci de tous ces trésors oubliés ...


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."