samedi 9 mars 2019

VARDA et JR, une affair to remember lui sera pardonné d'être morte vieille, 'cause she helped stavros (tornes), dead, and gone




passionnant de Stavros Tornes. Cet outlaw créatif du cinéma grec est mort en 1988 à l'âge de 56 ans dans un complet dénuement. De Thiraikos Orthros (1967), un documentaire sur l'île de Santorin, à Karkalou (1984), il a tourné dans des conditions limites, presque sans argent. Mais tous ses films sont pleins de rage et de poésie, doublées d'un humour formidable qui était sa marque.

Homérique. Exilé en Italie sous la dictature des colonels, Tornes y a tourné entre autres Addio Anatoli (1976), Coatti (1977) et Exopramatiko (1979) projetés à Thessalonique. Il y a cadré les rues de Rome et surtout du quartier du Trastevere, où il vivait, les trattorie et les visages des habitués qu'il a filmés comme des champs de bataille. Il a promené sa caméra dans les pâturages de Campanie, les rues de Naples, saisi les expressions des Napolitains, des processions nocturnes, et dans les campagnes, les ébats des buffles dont le lait donne la mozzarella.

Un peu partout, il a aussi capté ou chorégraphié des discussions homériques qui pouvaient toucher à tout, notamment à la révolution. Dans tous les courts, moyens et longs métrages de cette époque, on le voit jouer, efflanqué et nerveux, le visage cerné par une chevelure et une barbe blanches. Il y donne la réplique à la silhouette un peu garçonne de Charlotte Van Gelder, sa compagne, qui signe, au violoncelle, les musiques de ses films. Coatti (1977), avec son échappée belle en camion vers la Calabre, est le petit chef-d'oeuvre de cette première partie de sa filmographie.

Dans les années 80, en Grèce, Tornes bénéficie d'un peu plus de moyens. Il consacre un documentaire à Nicos Kavadias, le poète auteur d'un seul roman, un chef-d'oeuvre, le Quart (paru en français chez 10/18). Il dirige Balamos (1982), Place Hippodamias (1983), et prouve qu'il a gardé ce sens du conte insolite qui l'apparente au jeune Buñuel. Dans Karkalou (1984), il met en scène des acteurs dont l'un joue un vieillard au regard malicieux conduit par un jeune chauffeur de taxi à travers la campagne, où il se confronte à ses souvenirs. Stavros Tornes s'y montre à son aise, racontant ses histoires en multipliant bifurcations, rêves et cauchemars. Il cadre dans un album photo des portraits du prince anarchiste Pierre Kropotkine et de l'ancien ouvrier mécanicien Buenaventura Durruti, avec sa tête d'Indien. Deux emblèmes de la révolte de Tornes.

Fantaisie. En 1985, il réalise Danilo Ternes, dédié à l'Escalier de la haine de Louis Skorecki. En 1988, il tourne Un héron pour l'Allemagne. La fantaisie hante les premières images, où un soldat allemand se déshabille et révèle son anatomie féminine. Plus tard, on croisera un éditeur de poésie qui court de faillite en faillite, son assistant qui fait la promotion d'un piteux poète pendant qu'un autre, Polydore (Tornes lui-même), s'enfuit avec une veste à carreaux qu'il a oublié de payer... Peu après ce film, qui prouve qu'il était en pleine possession de son art, Tornes est mort d'une infection urinaire

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" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."