le premier spectateur
c'était il y a longtemps ... plus d'un siècle, c'est beaucoup, c'est peu ... en regard de l'art,de l'art d'usine, c'est infinitésimal ... des gens ont eu peur, un par un ou ensemble, ils ont eu peur ... c'était le premier, les premiers spectateurs de quelque chose qui n'avait pas encore de nom ... ils ont eu peur des premières images qui s'agitaient devant eux: un train, une pirogue, des ouvrières ... ... et puis ce furent des tour des passe passe, des jongleries, des clowneries, des gigotis, des gigotas, des numéros de magiciens, et même des yodels tyroliens passés au brou de noix du mississippi ....... ..
le cinéma forain se faisait dans les foires, on ne connaissait pas le nom des artistes de cirque qui organisaient toutes ces images (lumière, méliès, ce n'était que des noms de code, les plus connus, pour tous les opérateurs qui produisaient tous ces inédits au grand jour), le cinéma forain s'improvisait sous des tentes, des chapiteaux, les mêmes chapiteaux qui parcouraient au même moment l'Amérique pour vendre des élixirs, mettre en scène des cow boys, exhiber des peaux rouges, présenter à des petits blancs ahuris qui n'avaient jamais vu de noirs, des travestis raciaux, ces extraordinaires black minstrels dont emmett miller est le dernier, le dernier à être enregistré et filmé, en tout cas ...
emmett miller (à droite) not his singing yodel, i'm afraid, just his magician's late screaming yodel
et puis, et puis, et puis ... ....
un jour naquirent, sans qu'on même s'en rende compte, des films formatés, muets, parlants, qui racontaient des histoires en une heure trente, des histoires jouées par des acteurs .. .. ... les premiers spectateurs avaient disparu sans même qu'on s'en rende compte ... ... faut-il les faire revenir? sans doute pas .. .. ... mais ce qu'il faut faire revenir, par n'importe quel moyen, c'est l'éblouissement gamin devant les premières images .. .. .. un seul homme a vraiment essayé .. .. il s'appelle werner nekes ...
johnny flash (werner nekes)
pas vraiment représentatif de nekes, mais il se fait rare sur youtube: disons surtout qu'il est le seul cinéaste expérimental à avoir travaillé sur la caméra elle même, les focales, les objectifs, s'inspirant même des objets de pré-cinéma qu'il collectionne ... pour essayer de faire de la caméra autre chose que l'objet utilitaire et marchand qu'elle est devenue ... son idée, c'est de revenir à lumière ... et puis de changer de direction, de bifurquer, d'aller ailleurs ...
(à suivre)
12 commentaires:
Qui est Werner Nekes ? J'ai fait une recherche mais il n'y a évidemment rien sur imdb, juste la liste de ses titres, et l'article wikipedia est en allemand, langue que je ne connais pas vraiment. Je vois qu'il a réalisé plusieurs films intitulés Media Magica, pourriez-vous nous dire quelques petites choses sur ces films ? Leur titre m'intrigue.
plus tard ... plus tard ... soyez patiente, ça viendra ....
D'accord, je patiente. :)
Trés bien le tutubisou :)
Il y a un type qui te parodie dans le premier numéro papier de Bakchich, pour encenser une connerie de film de guerre américain (Démineurs de Kathryn Bigelow), tu as vu ? C'est à pleurer.
non ... pas vu ... je sais même pas ce que c'est "Bakchich"
"-C’est du cinéma total, de la peinture en mouvement, la quintessence de l’art cinématographique.
-C’est tout ?
-Oui."
http://www.bakchich.info/Demineurs-C-est-d-la-bombe-bebe,08760.html
oui, pourquoi pas pasticher ... il en restera toujours quelque chose, non?
Pourquoi pas ? Mais pourquoi Démineurs ? Que tu n'as sûrement pas vu, pour rester aussi serein...
pas vu ... m'en fous ... m'en fous du cinéma
Le dernier Guédiguian, c'est autre chose...
Il ne reste pas forcément quoique ce soit d'un pastiche... en tout cas, mis à part une chronique dialoguée, il n'y a rien qui me rappelle votre style ni de près ni de loin dans ce pseudo exercice de style ennuyeux et désincarné. A l'époque où vous écriviez dans Libé, j'étais capable de traverser tout Paris pour trouver mon journal chéri s'il était absent de mes kiosques habituels... que je commençais toujours par la fin d'ailleurs... J'ai été obligé de me rendre à l'évidence ; je n'achetais Libé, à la fin, QUE pour vos chroniques.
Je viens de finir "Mort dans l'après-midi" d'Hemingway et j'ai pensé à vous car à la fin de certains chapitres l'auteur dialogue avec une vieille dame. L'idée ne vous est probablement pas venue de là mais, bon...
Si ça se trouve vous détestez le vieil Ernest !
Pour moi, à présent, c'est "Paris est une fête".
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