lundi 18 octobre 2010

réfléchir sur la musique ne sert à rien ... .... il suffit d'écouter, c'est tout ... ...

réfléchir sur la musique ne sert à rien ... théoriser, non plus ... suffit juste d'écouter, de comparer, d'aimer, d'apprendre au fur à à mesure des mois et des années -ça vient tout seul, remarquez- comment tout ça s'emboîte, comme ça se constitue ... ça vient tout seul, ces associations musicales, historiques, mélodiques ... ... j'ai pressenti depuis longtemps, par exemple, que si les beatles venaient en partie des everly brothers, les everly des louvin brothers, les louvin de darby & tarlton (1929/1930), celà devait vouloir dire que les beatles procédaient, d'une manière ou d'une autre, de ce fabuleux duo oublié de géorgie, darby & tarlton .... ...

au hasard, ou presque: darby & tarlton (little ola)/beatles/here comes the sun
à la différence de la photographie, du cinéma, de la télévision, autant de formes d'expression qui s'accomodent très bien d'hypothèses théoriques, de paris risqués, de contre-hypothèses (comme la critique radicale de la
politique des auteurs), la musique populaire s'échaffaude à l'écoute, disque après disque, chanson après chanson ... c'est une histoire, une généalogie, une architecture -en aucun cas une matière à théoriser ... ... ... aimer, écouter, écouter encore, de la manière la plus hasardeuse, la plus aléatoire possible ... ... laisser filer le silence ... .... réécouter: seul le plaisir, seule la sensation immédiate importent .. ...
les mélodies se suivent, se catapultent, se ressemblent: on réfléchit sans même le vouloir, on découvre des pistes sans même les chercher .... dylan a-t-il trouvé telle mélodie dans un vieux morceau de jazz de 1928, ou dans son adaptation country, presque aussi vieille?


where does bob dylan's blind willie mc tell come from?/earliest dylan's electric version (1983)/louis armstrong's st james infirmary(1928)/also check prairie lullaby jimmie rodgers' country version (1930)

... ... plus on écoute des chansons, plus les repères vacillent: blanc ou noir? blues ou country? vaudeville ou music hall? ... ... plus les repères vacillent, plus la sensation se dénude, plus on repère sans même y réfléchir toutes les erreurs répétées depuis un siècle et demi par les spécialistes (ceux qui n'ont pas, qui n'ont plus le temps d'écouter de la musique) , et plus la connaissance (acumulative, généalogique, historique ...) devient consistante, réelle ... ainsi du phénomène très étrange des black minstrels, pas seulement ces blancs du sud grimés grossièrement en noirs, mais plus étrange encore, ces noirs grimés ... en noirs ... ... ... poésie désuète, expressionisme primitif, racisme désamorcé ... où est-on? et quel rapport entre bert williams, le premier black minstrel noir dont on peut encore écouter les disques, le premier à avoir enregistré (vers 1895) ... et le jeune louis armstrong qui s'est aussi essayé à cette carricature de noir (et parfois, en même temps, de jeune et joli travesti)

bert williams (1917)/louis armstrong (1930)
ah oui, j'oubliais: écouter si ça vient ... écouter si l'envie est là ... sinon arrêter ... arrêter le disque ... arrêter la musique ...

... ou chercher ailleurs, plus loin, dans les ragas minimalistes et rauques des frères dagar, une dynastie de chanteurs qui remonte au XVème siècle ... ou dans les chants religieux d'un berbère aveugle, le très grand rais hadj omar ouahrouch ... ou dans la plus grande voix du monde arabe, celle du très regretté nazem el ghazali, encore vénéré en égypte, au koweït, en irak (son pays) ...


nazem el ghazali/les 45 dernières secondes sont inoubliables
.. .. ..
écouter si l'envie est là ... sinon arrêter ... arrêter le disque ... arrêter la musique ... je ne connais que la country (que j'ai détestée pendant plus de trente ans) que je puisse écouter à tout moment, même si aucune autre musique ne réussit à passer mes oreilles ... la country est douce, lyrique, et si peu prétentieuse ... elle est universelle, non?


blaze foley's original version of if i could only fly/merle haggard's interpretation

5 commentaires:

TKOY a dit…

nazem el ghazali....il suffit d'écouter comme vous dites....superbe...et pas seulement les 45 dernières secondes....

Philippe L a dit…

Vivement la suite…

skorecki a dit…

c'est gentil ... mais je fatigue déjà ...

skorecki a dit…

je voulais dire que ce papier lui-même, tel quel, inachevé, perpétuellement inachevé -ou en état d'inachèvement perpétuel-, est peut-être à lui-même sa propre suite ... ... non?

Lo Gé a dit…

Le texte se présente sous forme fractale, je dirais oui.

Il peut être augmenté ou réduit à tout moment car il n'y a aucune réponse à trouver, d'ailleurs il n'y a même pas de question.

La musique est auto-suffisante, sa résonance avec le corps humain est tout simplement plus puissante que tout autre médium. Parce que c'est comme ça, le son a du goût, le son a des couleurs, les ondulations sonores ont des formes féminines et son mariage avec l'alcool est fusionnel.

L'approche théorique de la musique, en tout cas pour moi, ressemble plus à un jeu de piste.

Est ce que les conteurs radiophoniques des années 50 n'ont pas été plus une inspiration pour Robert Ashley que l'Opéra comme il le prétends?

---> http://www.youtube.com/watch?v=2Tt4a83z5Jw

Pourquoi j'aime Jerry Peters alors que les hectolitres de béchamel sentimentales qu'il déverse dans chacune de ses chansons sont censés me noyer. Mais ça me fait fondre comme une adolescente . Il est noir mais chante comme un blanc qui chante comme un noir (j'ai bien aimé quand vous avez trouvé ce truc)

---> http://soundcloud.com/el-g-2/jerry-peters-white-shutters


Erik satie ---> Brian Eno ---> Luciano Cilio bon sang mais c'est bien sur etc etc

Et je vous avoue que ce qu'on appelle le name-dropping (entre amis, entre mélomanes, entre nerds affirmés) est séduisant non pas dans la masse d'informations historiques ,censée clarifier les spéculations de chacun (ça n'amène jamais rien c'est juste au mieux un truc de pudeur) mais dans la prière commune, la litanie musicale qu'il distille.


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."