le petit bob s'est imbibé de tout ce qu'il entendait: de little richard à hank williams, d'emmett miller à charles aznavour, des everly brothers à billy lee riley...
billy lee riley/repossession blues (1958)
bob dylan/repossession blues,1978,RUNDOWN STUDIOS),
ODE TO BILLY LEE
Cette chanson-là en vaut mille. Par ses paroles, sa musique poisseuse, son incroyable actualité: écouter, réécouter Reposession blues, et regardez le film qui défile dans votre tête : on est en 2009 dans le Sud dévasté, ou la Nouvelle Orléans qui ne se remet pas. Reposession blues est pourtant sorti chez Sun il y a….. un demi-siècle. Well, i ain't got no money, chante le jeune homme à l’accent Arkansas/Mississippi, à la voix de délinquant pré-Elvis, I'm gonna lose everything i own. En bon français, ça donne : Je n’ai pas d’argent/Je vais perdre tout ce que j’ai . Crise économique, typhons, ouragans, cyclone, tout se précipite dans ces mots simplement désespérés. Well, i ain't got no money/I'm gonna lose everything i own/You know a man was coming out this morning/Wanna reposess my home. Les images s’accélèrent : Un homme est venu ce matin/Il veut reprendre ma maison. On passe en un montage sec, un flash furieux, des Raisins de la colère revus par John Ford aux milliers de nouveaux pauvres qui squattent la rue, qui ont tout perdu: travail, maison, dignité.
Qui a écrit ça ? Qui chante ça ? Retenez son nom, bientôt le monde le connaîtra par cœur. Il s’appelle Billy Lee Riley. Sa célébrité tardive, il la doit à un homme, un seul, un certain Bob Dylan qui lui voue depuis toujours une admiration sans borne. Un beau jour de 1978, dans les Rundown Studios, le jeune Bob (il n’a que 38 ans après tout) enregistre des demos pour une nouvelle étape de son Never Ending Tour, celle où il tournera avec l’aide de Larry Ratso Sloman, son génial Renaldo and Clara. Parmi ces maquettes, une version poisseuse, plombée, fiévreuse de Reposession Blues de son héros de jeunesse, Billy Lee Riley (Bear Family a publié en double CD l’intégrale de ses enregistrements Sun, dont une moitié de superbes inédits).
Well, they took my television/Now they're coming for my radio/Well, they took my television/Now they're coming for my radio (Ils m’ont pris la télé/ Ils viennent me prendre la radio), They don't like the way i'm doing/They say i pay my bills too slow (Ils n’aiment pas mon mode de vie/Ils disent que je paie mes factures trop lentement). Dans le remake de Dylan, les vingt ans qui séparent de l’original Sun ont alourdi la dette, symbolique, réelle, terrible, une dette de sang et de larmes, d’un poids d’apocalypse, un poids dylanien, un poids biblique.
I paid twenty dollars down/I bought a new Chevrolet bel air/I paid twenty dollars down (J’ai avancé vingt dollars/Je me suis payé une Chevrolet Bel Air), I bought a new Chevrolet Bel Air/Was a man he came out and got it/And now i got to walk everywhere (Un type est venu, il l’a prise/Et maintenant je n’ai plus qu’à marcher). Ecoutez les deux versions, le rockabilly noir du petit blanc illettré des plantations de coton, Billy Lee Riley, le Steinbeck-boogie de Dylan, et dansez, dansez, dansez (tout ça est sur skorecki.blogspot.com, avec des tonnes de sinatra, de nilsson, de blues noir, de dylan juif …)
A plus de 70 ans, Billy Lee recommence à chanter sur scène ses tubes les plus connus (Red Hot, Flying Saucer Rock And Roll). Regardez le à l’harmonica avec l’orchestre de Slim Harpo, il est carrément swampy. Certains soirs, Dylan traîne backstage. Ce qu’ils se disent? Vous voulez savoir ?Repasse moi la bouteille de moonshine, mec, i wanna get stoned. Comment je le sais? J’y étais(paru dans le dernier ROLLING STONE)
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