jeudi 18 novembre 2010

sur samuel fuller (suite)

il est de bon ton, en france, d'adorer shock corridor et naked kiss ... j'ai toujours été gêné de l'excessive admiration qu'on leur porte ... je préfère de loin ce tardif white dog (1982), une merveille de fable romantico-journalistique, que j'ai pris longtemps pour un film de télévision ... .... pas plus tard que dimanche, à beaubourg, pierre rissient me redisait que shock corridor était un chef d'oeuvre absolu, et serge bozon proclamait à qui voulait l'entendre son admiration éperdue pour naked kiss ... j'ai rencontré sam fuller pour la première fois chez lui, l'été 1963, dans les environs de los angeles, au moment où il venait de terminer naked kiss ... dans les trois années qui ont suivi, avant qu'il ne s'installe en france et se mette à radoter, radoter, radoter, j'ai fait des dizaines d'heures d'entretien avec lui ... j'ai même nagé dans sa piscine (avec l'ami daney, si je me souviens bien) ... ces dizaines d'heures d'entretien sont parues en partie dans deux numéros de présence de cinéma, la meilleure revue de l'époque (dans laquelle jacques lourcelles et pierre rissient, entre autres, écrivaient)
pourquoi je vous dis tout ça? c'est qu'entre 1963 et 1965, quand je le côtoyais de très près, fuller n'avait pas encore été changé par ces deux films-suicide, à la liberté bien entravée, qui témoignaient de son envie criante de devenir un artiste européen, libéré des contraintes des studios américains ... libre, il l'avait pourtant été bien plus que la plupart de ses collègues cinéastes, durant ses quinze premières années de folie créative à l'intérieur du système d'usine hollywoodien ...
(à suivre)

la libération du camp de falkenau est à la fois le tout premier film de fuller (les premières images qu'il ait jamais tournées), et son tout dernier film (co-réalisé par emil weiss) ... il marquera toute son oeuvre

7 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

Samuel Fuller et moi... J'ai rencontré le bonhomme, ou plutôt l'ai croisé, dans les années 80 à un festival Cinéma Télé à Tours. Il était invité d'honneur du jury. Il avait donc une des meilleures chambres du meilleur hôtel de Tours. Pas plus. C'était le soir d'une projection en avant première d'un film américain dans lequel jouait une actrice française, également présente, mais dont j'ai oublié le nom (elle a joué dans un film franco polonais très connu des années 80). Sam était là avec son cigare (éteint), son trench coat (immaculé), sa crinière blanche (impeccable) et sa femme (immaculée, impeccable, mais pas éteinte...). Moi, à l'époque, ce que je connaissais de Fuller c'était juste son apparition dans Pierrot le fou, mais j'avais jamais vu un de ses films (ou alors sans le savoir). J'étais jeune, con, même pas beau à la fois, mais j'avais réussi à m'introduire dans l'équipe organisatrice du festival en faisant des kilomètres à pied pour déposer les affiches chez les commerçants de Tours (vous n'imaginez pas le nombre de commerçants qu'il y a à Tours....). Ensuite on m'a proposé de faire chauffeur pour les personnalités qui arrivaient en TGV de Paris. J'ai dit non. Je me suis donc retrouvé préposé au projecteur. Avant chaque projection ou débat, je devais allumer mon projecteur et le braquer sur l'invité. Je l'ai fait une fois. La victime, la seule et unique, c'était le pauvre Henri Chapier qui doit s'en souvenir encore de mon faisceau de lumière... Il lui a fallu 15 minutes avant de s'apercevoir qu'il n'était pas devenu complètement aveugle.

A part ça, je regrette de pas être passé vous saluer à Beaubourg le week end dernier...

Casper a dit…

Louis , "Anonyme", c'était le pauvre Casper (une sorte de SCHPOUNTZ contemporain") qui n'a pas réussi hier à se connecter sous son nom. Toujours aussi pathétique, ce Casper... Salut à vous.

Casper a dit…

Si ça vous fait rire un peu, Louis, c'est déjà pas si mal. La prochaine fois je vous raconterai ma rencontre avec Bézu (le grand homme) dans un bar près du Panthéon. Mais je ne sais pas si vous méritez ça, franchement.

Anonyme a dit…

Bonne prestation, sinon, de votre part à Beaubourg. Votre parole de critique qui manque au Libé d'aujourd'hui comme au reste de la presse écrite papier (euh, cela dit, vous n'étiez pas publié ailleurs, non?). Le film de Fuller, une petite merveille de mécanique faussement behavioriste et authentiquement mystique (il faudrait que je développe) est particulièrement flippant par son efficacité (un montage de polar cut à la Richard Stark, si on peut dire, avec plus de science encore que les Soviétiques dans les effets Koulechov, à moins qu'il ne s'agisse de Pavlov avec cette histoire de chien...).

skorecki a dit…

développez, oui, c'est intéressant ... moi aussi je m'y remets bientôt/sur white dog, sur fuller ...

skorecki a dit…

@Seydou Yéké: cahiers, libé, et c'est presque tout ... (visages du cinéma, ma revue à moi, en 1962 ; une collaboration régulière à playboy, puis à rolling stone; et depuis mon déménagement de libé, occasionnellement, à GQ, numéro ... pas beaucoup pour près de cinquante ans ...)


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."