jeudi 9 décembre 2010

"tu vas retirer ça vite fait, ou je te fous mon poing dans la gueule"

c’est richard qui m’avait dit ça un jour, en 1956 ou 57… on n’était pas fâchés, mais à une fraction de seconde près, je le recevais en pleine poire, son poing furieux … que s’était-il passé pour que mon meilleur ami, d’habitude doux comme un agneau (avec moi, en tout cas) s’énerve à ce point, et soit à deux doigts de me démolir le portrait … j’avais juste, couillon que j’étais, brisé l’un de ses rêves d’enfant/adulte les plus tenaces en lui disant, droit dans les yeux, que quand john wayne parlait, au cinéma, ce n’était pas john wayne … ce n’était pas sa voix … « c’est la voix de qui, alors » ?, avait demandé richard en hurlant … mais, mais … je bafouillais un peu, conscient que j’étais en train de remuer des choses que je ne connaissais pas, plus profondes que je ne pensais … j’ai répondu d’une voix hésitante et assurée à la fois : « mais c’est sa voix française, la voix de celui qui double john wayne en français »

eldorado (1965), le temps de la croyance ou de la connivence?
un film de howard hawks (j'ai passé 6 ou 7 jours en arizona, sur le tournage de ce film moyen de howard hawks, devenant presque copain avec robert mitchum, john wayne, james caan... c'était comment? cherchez ailleurs ... ou attendez un autre texte ...

... ... tu vois, petit, tu es trop petit, mioche que tu es, pour avoir connu ça ... les années cinquante ... c’était encore le temps de la croyance… ce que tu voyais à l’écran, c’était la vérité, la vérité vraie … et celui qui voudrait ébranler cette vérité là, ébranlerait en même temps tes rêves les plus secrets, les plus tenaces … tout ça est fini, bien fini, on est dans le temps de la connaissance, de la connivence, du cynisme généralisé … est-ce que je regrette ce temps-là ? oui, évidemment … c’était le temps des rêves et des vaies peurs dans le noir, le vrai noir de l’enfance

4 commentaires:

f-louise a dit…

ça me touche drôlement. je ne suis pas née dans les années 50, et pourtant quand je regardais sur la trois un film avec john wayne ben c'était sa voix quand il parlait en français. et ce sera toujours sa voix. les enfants devant la télé c'est peut être comme un petit poussin qui sort de sa coquille, la première chose qu'il voit c'est sa maman. ben là c'est un peu pareil. enfin je trouve. c'est sa voix point barre.

skorecki a dit…

c'est joli comme vous le dîtes ...

Casper a dit…

la croyance (et l'innocence) vue comme ça, c'est aussi beau que votre idée de régisseur à propos de Ford et de Walsh. C'est même encore plus beau parce que ça n'est pas une idée, justement.

pierrino 27 a dit…

Une petite pensée pour Raymond Loyer donc qui, pour moi aussi, fut la voix de John Wayne ! Aujourd'hui c'est Patrick Poivey qui m'émeut le plus et donne une humanité incroyable à Bruce Willis ! Louis, j'adore votre bio éclatée, elle est magnifique !


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."